Manœuvres écologiques de l’ANP

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Une nappe importante de pétrole, échappée de la brèche, s’est répandue en mer et dérive lentement vers la côte. Après un bref contrôle des dégâts par une commission envoyée sur les lieux et l’établissement d’un rapport recommandant une intervention d’urgence, le wali de Bgayet a déclenché le plan Tell-Bahr, consistant à mettre tous les intervenants à la disposition des gardes-côtes.Cette catastrophe écologique majeure n’est qu’un scénario, objet d’une simulation, une hypothèse de travail, mais qui peut survenir à tout moment à Bgayet.Tôt dans la matinée d’hier, le PC des gardes-côtes installés à la station de pilotage du port, grouillait de monde. Après un rapide briefing, l’opération s’est déclenchée, malgré des conditions météo exécrables, à 8h 30 sous la houlette du colonel Touati, commandant du groupement territorial des gardes-côtes, entouré de ses officiers. Au port, c’est le branle-bas de combat pilotins, vedettes de pilotage, remorqueurs, vedettes rapides, de la marine nationale s’ébranlent à tour de rôle pour gagner la zone d’opération. Ce ballet, si bien réglé, se fait sans le moindre couac, dans le timing imparti. La salle de contrôle, où ont pris place le wali, le général Slimane Herda, commandant des gardes-côtes, le chef du groupement de la Gendarmerie nationale ainsi que les représentants de tous les intervenants et une délégation tunisienne ont vibrée au son de la voix nasillarde de la radio qui n’arrêt pas de diffuser message après message. Au loin, le dispositif des barrages flottants est bien visible. Les remorqueurs chargé de pomper le pétrole qui affleure de manière tout à fait virtuelle à la surface de l’eau, sont en pleine action dans une ronde une noria, ininterrompue autour, de la surface polluée, délimitée et contenue malgré une houle de tous les diables…L’objectif de ce test grandeur nature est d’évaluer les capacités locales en matière de moyens humains et matériels et de consolider la coordination entre les différents intervenants. L’opération s’égrène au rythme des données sonores qui atterrissent au PC et des ordres précis, mots du maître de cérémonie, le colonel Touati.A l’issue des manœuvres en mer, le premier responsable de toute l’opération a exprimé sa satisfaction sur la manière dont la simulation a été menée : “Les opérations se sont déroulées comme prévu”. Flottant autour du navire et de la nappe de pétrole pour contenir le produit hautement polluant et récupérer ce qui est récupérable, l’arrêt de la nappe dérivante avec utilisation de moyens chimiques et la fermeture du port pour éviter la pénétration de la nappe pétrolifère, toutes ces étapes ont été rondement menées, dans les normes et dans le temps.La dernière étape s’est déroulée à Maghra-plage (Tichy) et a impliqué le corps de la Protection civile. La tâche a consisté à nettoyer la plage qu’une partie de la nappe dérivante, selon toujours le scénario retenu, a atteint et à procéder à l’enfouissement des déchets récupérés dans une zone étanche…Cette première du dispositif Tell-Bahr, en dehors de son côté fortement plausible, Bgayet étant un port pétrolier aura mobilisé énergie et moyens. Les différents intervenants ont joué pleinement le jeu. C’est toutes ces raisons qui ont fait l’unanimité quant à l’utilisation de tels exercices qui demandent à être répétés de manière périodique. C’est le seul gage de réussite en notre possession pour éviter ou atténuer une catastrophe à grande échelle. Une catastrophe imprévisible et contre laquelle l’homme demeure presque impuissant. Le naufrage de l’Erika et plus loin ceux du Torrey Canyon ou de l’Amoco Cadiz sont là pour illustrer l’inexistence d’une parade absolue, même chez les plus nantis, les plus avancés technologiquement.

Mustapha R.

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