Béjaïa boudée par les estivants ?

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La mi-juillet passée et le rush annoncé est chaque jour différé au lendemain à un point tel que certains commencent à s’interroger s’il aura bien lieu un jour, cette année. Même les chiffres annoncés par la Protection civile, empiriques car ne reposant sur aucune donnée scientifique fiable, ne sont pas pris au sérieux. De toute façon, ils sont bien en deçà des attentes et des espoirs. Les saisonniers qui activent dans ce secteur cultivent toujours, à leur charge, l’artisanat comptant uniquement sur la réputation, surfaite de la région. Une réputation bien mise à mal ces dernières années car il ne suffit plus de pousser la ritournelle, la même depuis toujours, pour attirer l’estivant de plus en plus exigeant. Les autres, ailleurs, ont non seulement rattrapé le retard que la décennie noire leur a imposé, mais ont fait mieux. Nettement mieux ! Eux, vendent leur produit et bien avant l’entame de la saison assure la promotion de ce qu’ils ont à offrir au potentiel client… Tichy la coquette somnole sous un soleil de plomb. Les rares piétons se dépêchent d’aller se mettre à l’ombre. La nuée de restaurants et de gargotes affichent zéro client et les serveurs chassent les mouches en bâillant aux corneilles. Les pratiques n’incitent pas de toute façon les estivants à s’attabler. La corde, à force d’être tirée, finit par se casser. L’imitation servile ne paie jamais et ne s’improvise pas restaurateur qui veut. Quant aux bonnes tables offrant un rapport qualité-prix acceptable, il faut aller chercher ailleurs. Restent les glaciers et les limonadiers qui, canicule oblige, tirent leur épingle du jeu. Un mot enfin sur les vendeurs de souvenirs qui, eux, se contentent d’étaler le matin et de ranger le soir leurs marchandises sans jamais se lasser et sans écouler grand chose. Les prix proposés frisent l’arnaque et ce n’est pas rendre service à l’artisanat local que de confier cette activité à certains énergumènes. Les hôtels, toutes catégories confondues, peinent à afficher “complet” tant s’en faut. Il n’y a, en vérité, que les nombreuses discothèques, ringardes, diffusant une musique approximative jouée par des musiciens ratés, champions de la reprise et hors tempo sous l’œil avide d’entraîneuses défraîchies, que seul un maquillage outrancier maintient encore dans la classe des humains, prêtes à bondir, toutes griffes dehors, pour défendre leur territoire, leur client. Des clients qu’elles préfèrent gros et gras (signes supposés d’opulence), ronds et auxquels elles font les poches sans sourciller. Chez ces gens-là, on ne s’amuse pas. On flambe tout en faisant mine de prendre du bon temps. En fait, tout est jeu de mains, sous la table… Gueule de bois, poches vides, désillusions constituent généralement le menu de leurs réveils douloureux. Les nuits sont plus animées que les jours à Tichy. Les aventuriers toujours en quête d’un mauvais coup sont légion, écumant terrasses de café, discothèques, hôtels… Côté animation, pas de quoi fouetter un chat. Sauf, peut-être du côté des mômes que deux ou trois manèges antédiluvien attirent et égaient. L’atmosphère, l’ambiance générale à Tichy qui a eu des jours meilleurs, sont à l’attente. Une attente lourde, sourde, style “Désert des tartares”. Tout le monde est aux aguets, dans l’expectative. L’estivant est attendu comme une messie. La moindre rumeur et c’est l’espoir fou d’une saison sauvée qui revient. L’hôtelier, le restaurateur, le tenancier du parking, celui des douches, le marchand de souvenirs, le plagiste, la péripatéticienne qui voit son rêve de raccrocher, après une dernière bonne saison de tapin, s’envole, tous adoptent un profil bas. L’arrogance que leur conférait une offre en deçà d’une forte demande des années fastes est partie, envolée. Et c’est la banane resplendissante qu’ils reçoive le moindre étranger à la ville. L’environnement malmené finit toujours par se venger. Les égouts à la mer, les moustiques, les plages sales, le racket à chaque coin de rue, tous ces éléments conjugués ont fini par avoir raison du plus fan de Tichy qui a beaucoup perdu de sa superbe et qui devra redéployer tous ses atouts. Parallèlement, le lancement d’une campagne de charme à l’échelle nationale s’avère vital pour sauver ce qui reste encore d’une saison estivale bien entamée. Il faudra, aussi et surtout, réapprendre la propreté pour espérer renouer avec un âge d’or devenu presque inaccessible. C’est toute une stratégie qu’il faudra repenser. En fait, il suffit de peu pour qui sait y faire, pour transformer l’Algérien d’en bas en roi d’un jour ou d’une semaine. C’est la clé de la réussite. Ailleurs, ça porte le nom de tourisme intelligent.

Mustapaha Ramdani

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