Ce n’est qu’ hier que l’information est venue mettre fin à une série de rumeurs contradictoires, suite à l’annonce du décès du maître de tous les styles du chaâbi, El Hachemi El Guerrouabi en l’occurrence, qui nous a quittés, à l’âge de 68 ans. Après une longue souffrance d’une maladie et une amputation de sa jambe, et suite à l’aggravation de son état de santé qui l’a fait entrer dans un coma profond, le célèbre artiste algérois a finalement quitté ce bas monde. L’auteur de l’inoubliable chanson « El Barah » a été enterré hier au cimetière d’El Madania dans une atmosphère de grande tristesse et une grande charge d’émotion des présents qui étaient venus très nombreux accompagner le défunt à sa dernière demeure, après avoir jeté, auparavant au palais de la Culture, un dernier coup d’oeil sur la dépouille de leur idole.Il est 11h26, la dépouille arrive au palais de la Culture, qui était déjà bondé de monde, venu des quatre coins du pays pour lui rendre un dernier hommage. Parmi les personnalités qu’on a pu remarquer aux côtés de sa famille, on a noté la présence de la famille artistique, Boudjema El Ankis, Saïd Hilmi, Dalila Hlilou, Bahia Rachedi, Hamidou, Sid Ali Kouiret, Mourad Djaâfri …, ainsi que celle des officiels qui ont voulu partager avec sa famille et la famille artistique leurs chagrin, émotion, tristesse et deuil d’une part, et qui n’ont pas pu cacher leur émotion et leurs larmes d’autre part. On notait parmi eux, l’ex-chef du gouvernement et actuel SG du RND, M. Ouyahia, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, le ministre de Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, le directeur général de la Radio nationale, A. Mihoubi, le DG de la télévision nationale, H. H. Chawki, le président de l’USMA, Said Allik…etc. Aprés la lecture de la Fatiha au palais de la Culture, le cortège composé de la police, la gendarmerie, la Protection civile et notamment de ses milliers de fans et mélomanes s’est dirigé directement vers le cimetière d’El Madania, où un monde fou » l’attendait » avec impatience pour lui rendre un dernier hommage. Il convient de noter aussi que l’interprète d’“El Harraz” a été enterré avec l’emblème national, dans une atmosphère de funérailles nationales. Durant son parcours, El Hachemi Guerouabi, a chanté presque tous les thème, l’amour, la misère, l’exil, l’amitié, la religion, le Prophète, la jeunesse et notamment l’Algérie. Cette dernière l’a porté dans ses bras depuis qu’il était un jeune perturbateur dans le quartier populaire de Salembier. Guerouabi, pour rappel, est né le 6 janvier 1938 à El Mouradia (Le Golf). Il a commencé sa carrière en côtoyant les grands maîtres du chaabi tels El Hadj El Anka, El Hadj M’rizak, Hssissan…, qui l’ont encouragé de façon intense. Il sera également élève de Mahieddine Bachtarzi qui lui permettra de rejoindre l’Opéra d’Alger entre 1953 et 1954. Ensuite, il a côtoyé le grand parolier-musicien, Mahboub Bati, qui l’a encouragé par ses orientations en matière de musique. Guerouabi n’est plus parmi nous mais il a laissé un trésor très important et un héritage considérable en matière de chansons et qaçidate. Maître incontestable et incontesté de la chanson chaâbi et d’autres styles tels la qaçida medh (genre mystique), les gharamiate (poésie courtoise), le mouachah et les petites chansonnettes, Guerouabi a ainsi laissé ses magnifiques, El Warqua, El Barah, El Harraz, Youm El Djemaa, Jib Rassek, Chemess El Barda, Allo Allo, Kif Amali, … et tant d’autres titres inscrits à tout jamais dans le cœur et la mémoire des milliers de mélomanes qui vont se consoler de l’avoir connu et de pouvoir encore l’écouter et l’apprécier, dans l’orchestre du souvenir.
Ziyad Demouche