Ennui, paresse et…canicule

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A Tizi Ouzou, la ville aux hivers rigoureux, l’été est impitoyable. Bâtie au beau milieu d’une immense cuvette naturelle, entourée de collines et de montagnes la cité subit la tyrannie de la chaleur avant même l’entame de l’été.Asséchée et étouffée pendant de longs mois, celle-ci n’a jamais eu d’autres alternatives que de suffoquer en silence et d’attendre…Dans cette ville, où il ne se passe pratiquement rien de particulier (hormis la canicule bien sûr) de juin à septembre l’été est le pire supplice qu’on pourrait affliger à un tizi ouzéen. Pas uniquement pour la grosse chaleur qui s’empare de leur ville dès la mi-mai (les températures saisonnières y vacillent entre 34° et 39°, avec un taux d’humidité assez élevé depuis quelques années) mais aussi et surtout pour la rudesse de ses conditions de vie.Cette ville, où un million de passants arpentent ses rues chaque jour que Dieu fait (hormis les vendredis, réservés justement aux fidèles de Dieu !) ne dispose d’aucune infrastructure culturelle, artistique ou même sportive pouvant absorber l’oisiveté de ses riverains. Si les plus téméraires de ces derniers ont pu contourner les conditions climatiques (parfois extrêmes) de leur ville en se résignant tout simplement à s’habituer à ses caprices caniculaires, ils n’ont par contre contre, rien pu faire conte l’apathie; la mollesse et l’inaction. Les moyens de distraction et d’amusement étant carrément absents, la ville se livre presque machinalement à la paresse et à ses maux d’été. L’ennui y règne en maître en été.Parfois, il lègue ses pouvoirs à la torpeur puis les recouvre quelque temps après.Les jeunes en souffrent terriblement. Alors ils se débrouillent comme ils le peuvent pour pouvoir se dérober d’abord à cette fournaise puis à l’oisiveté tuante de ces trois mois. Certains préfèrent bosser (au diable les vacances) et préparer la rentrée, d’autres choisissent purement et simplement de quitter Tizi en quête de cieux plus cléments. Mais il y a ceux (et ils sont plus nombreux) à ne pouvoir faire ni l’un ni l’autre, parfois par contrainte, souvent par manque de moyens.Pas de piscine, pas de gala, pas de sorties plages, pas les moyens d’organiser des excursions… L’été leur est si intraitable qu’ils sont même parfois privés de drague, car il est connu que lors de cette période la ville se dépeuple de ses habitants et par ricochet de ses femmes aussi. Un fait qui assène à ses jeunes le coup le plus douloureux après celui des départs en vacances des étudiantes et des lycéennes.De fait, il est triste de constater que le seul défouloir que les jeunes peuvent se permettre c’est les fêtes de mariage, et encore, il faudrait bien dénicher un parent où un cousin à marier ! Sinon la faillite devient totale.

Ahmed B.

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