A quant la chaine de télévision amazighe en Algérie ?

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La question amazighe connait des fortunes diverses en Afrique du nord. Alors que le projet pour la création d’une chaine de télévision en langue berbère traîne chez nous depuis des années, sa concrétisation chez nos voisins marocains semble prendre une option sérieuse.En effet, le ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdellah, a déclaré, il y a quelques jours, que son gouvernement examine un projet de création d’une chaine de télévision en langue berbère. » Ce projet constituera un pas important dans l’enrichissement du paysage audiovisuel marocain « , a déclaré le ministre marocain, dont les propos ont été rapportés par l’AFP, au cours d’une réunion avec les responsables de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), un organisme crée en 2001 par le roi Mohammed VI pour promouvoir la culture berbère au Maroc.Si l’information fait partie de l’ordinaire en ce sens qu’elle concerne un pays étranger, il n’en demeure pas moins que cette initiative peut soulever des questionnements, pour le moins légitimes, au sein des militants de la cause amazighe dans notre pays. Parce que, à bien regarder, l’idée de création d’une chaine de télévision exclusivement d’expression berbère a germé dans notre pays il y a de cela plus de deux années. Mieux, un responsable, un habitué des couloirs de l’ENRS, Saïd Lamrani, a même été désigné pour former son équipe, en vue du lancement éminent de la chaine. Ce dernier a d’ailleurs entamé le travail de contact. Des personnalités du monde de la radio, de la télévision et des artistes ont été, ainsi, priées de rejoindre ce qui devait être le noyau de cette télévision, qui devait constituer un acquis de plus au combat de plusieurs générations.Mieux, un travail de production et de doublage de certains feuilletons a débuté chez certaines boites privées d’audiovisuel. Il en est ainsi, par exemple, de la série télévisée dédiée au grand musicien disparu, Mohamed Iguerbouchène. A tout cela s’ajoutent des dizaines de dates fixées, à plusieurs reprises, pour le lancement de la chaine de télévision. Mais voilà, deux ans après, rien n’est encore lancé. Ni les pouvoirs publics, ni encore moins les responsables de la télévision publique, n’ont donné d’explication fiable, laissant ainsi des millions de locuteurs berbères sur leur faim. A chaque fois que la question est posée, la réponse est vite donnée, pour ajouter à la confusion : la chaine sera lancée très prochainement. C’est en somme, toute la crédibilité de l’Etat qui est, encore une fois, mise à mal. Parce qu’il est utile de rappeler que la création de cette chaine de télévision n’est malheureusement pas le seul projet au profit de la langue amazighe qui tombe à l’eau. Les pouvoirs publics ont parlé de la création d’une académie de langue berbère qui n’a jamais vu le jour. A la place, le ministère de l’Education nationale a mis en place un Centre pédagogique d’aménagement linguistique, présidé par un spécialiste émérite, Abderrezak Dourari. Mais, encore une fois, ce centre a buté sur un manque de moyens flagrant, et malgré toute la volonté de son directeur, il n’arrive toujours pas à se mettre en branle. Tout cela sans oublier la léthargie dont laquelle est plongé le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) qui n’a toujours pas de premier responsable depuis le décès de Mohand Idir Ait Amrane.Et c’est toute la revendication amazighe qui n’a pas d’écho avec tous ces manquements. Malgré le beau discours des hauts responsables du pays, qui parlent de la promotion de la langue de Mammeri, devenue officiellement langue nationale depuis mars 2002, la réalité du terrain n’est faite, en fait, que de promesses jamais tenues.

Ali B.

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