Hommes politiques ou politiciens ?

Partager

Il est ainsi des termes utilisés au fil du temps et qui peu à peu se retrouvent dénaturés de leur sens, au propre comme au figuré : “La Kabylie réclame le contraire d’une politique politicienne, c’est-à-dire une politique clairvoyante et généreuse”, disait Camus. Aujourd’hui encore, quarante-six ans après sa disparition, cette phrase de l’auteur de “l’Etranger” est encore et toujours d’actualité. Pour certains leaders de partis politiques et qui gèrent leurs mouvements comme on gère un tripot clandestin, tandis que les autres s’imposent comme étant les grands gourous de leurs sectes respectives, la politique c’est-à-dire l’application de mesures concrètes visant à satisfaire le cadre de vie des citoyens, n’est toujours pas prise en considération par les hommes faisant de la gestion de la cité leur gagne-pain. Car il s’agit bel et bien d’un gagne-pain et même plus si l’on peut dire. Les hommes politiques algériens sont pourtant issus du peuple et généralement des couches défavorisées, mais l’ascenseur qui les a propulsés au énième étage demeure bloqué. De ce fait, ils ne redescendent pratiquement jamais pour apercevoir la misère et les dures réalités quotidiennes qu’endurent leurs… électeurs. Qu’attendent-ils donc pour parer au plus urgent, tout du moins sur le chapitre social? La gestion à vau-l’eau, la perte de confiance entre gouvernants et gouvernés sont autant de facteurs qui renseignent sur le rôle prépondérant que doivent jouer les politiques afin de remédier à la situation de crise qui prévaut dans l’ensemble des régions du pays. Pour eux, la Kabylie demeure ce bastion que l’on convoite uniquement à l’approche des échéances électorales. Un peu comme l’on convoite une jolie fille pour passer la soirée. Le peuple et les électeurs dans leur intégralité seraient donc considérés comme un escabeau pour permettre aux ambitieux d’atteindre les sommets. Il est vrai que pour nos dirigeants que l’on appelle communément “politiciens” la tâche qui leur incombent, à savoir défendre les intérêts du peuple, semble être le dernier de leurs soucis et pour preuve, la situation sur le terrain reflète parfaitement le travail accompli par ces derniers. Hommes politiques ou politiciens ? On dit en allant pour préparer sa voiture que l’on va chez un mécanicien, on n’a jamais entendu dire que l’on allait chez un homme mécanique. De même pour ceux qui s’attèlent à nous empoisonner l’existence en évoquant des programmes électoraux dont personne n’a vu et n’en verra le jour, l’appellation de politiciens se mérite. Il faut pour cela avoir le courage de dénoncer, de revendiquer et de porter haut, très haut les espoirs populaires. Justement à quelques mois d’un rendez-vous électoral, et pas des moindre puisqu’il s’agit d’un référendum, l’opinion publique attend toujours d’être renseignée sur cette consultation populaire. Alors que les citoyens s’attendaient à un grand débat sur cette question de l’heure à savoir la révision de la Constitution algérienne, les policitiens et les hommes politiques affichent un silence et un mutisme éloquent. Drôle de politique ! Seuls quelques juristes se sont donnés la peine d’ouvrir un débat sur le sujet alors que l’Alliance présidentielle s’est à demi mot exprimé sur la concrétisation du “vœu” du président Bouteflika. A croire que les politiques en général ont tout bonnement déserté le terrain, à moins que ces derniers qui ne devraient pas tarder à se déplacer en campagne “pour ou contre” la révision de la Constitution, soient en période d’hibernation. La consultation électorale se fera-t-elle donc sans aucune prise de position de la part des partis politiques ? Sûrement pas car ils seront nombreux au lendemain du référendum à fêter leur victoire. Une victoire à la Pyrrhus qui, comme à l’accoutumée, laissera un peuple totalement exsangue.

Hafidh Bessaoudi

Partager