Entretien avec le parolier Yacine Aouabed

Partager

La Dépêche de Kabylie : Yacine, vous êtes surtout connu par le texte « Echemâa » ( la bougie) interprété par le défunt Kamel Messaoudi, qu’en est il du reste de votre répertoire?ll Y.A : Le texte de Kamel Messaoudi n’est pas de moi. Je suis l’auteur d’un texte intitulé ainsi, mais pas celui-là. C’est plutôt « yahasra âlik ya denya » (oh! vie) que j’ai écris. Quant aux autres textes, Kamel en a chantés, tel que « Mahlakoum ya ndjoum » (éblouissantes étoiles), « chah fiya » (je mérite ma peine) en duo avec Lamraoui …

On parle de vous comme parolier, vous vous définissez comme tel ou comme poète ?ll L’appellation n’est pas un détail important pour moi. Je ne me suis jamais proclamépoète, parce que même en l’étant on ne peut pas véritablement le savoir. En tout cas, ce que moi je sais, c’est que je fais des textes poétiques, et que je ne veux pas déclamer des paroles, mais de la poésie.

Vos textes sont imprégnés de méditation et de nostalgie, quelle explication donnez vous à l’omniprésence de ces deux thématiques ?ll J’ai commencé à écrire en pleine douleur. Je ne sais pas pourquoi, mais je m’y inspire. Là où il y a du drame, je trouve une certaine beauté. Je ne pourrai l’expliquer : Beethoven a composé neuf symphonies, et ce n’est que dans la neuvième qu’il y a de la joie. J’ignore aussi ce qu’aurait été le texte si Roméo, et Juliette n’étaient pas morts… quoiqu’au fond, je ne suis pas toujours triste, je pleure, mais je souri aussi quand il le faut. Mais disons que la mélancolie me fait dire des choses.

Ecrivez-vous en d’autres langues autres que l’arabe algérien ? ll J’ai quelques textes en langue française que j’ai rédigés dans ma jeunesse… c’était mes débuts. Aujourd’hui, j’ai aussi d’autres expériences dans le théâtre, des pièces que j’ai écrites moi même comme « El-Ghorba » (L’exil), ou bien « Echouèf » (Le voyant), ainsi que des chansons pour enfants… Pourquoi l’arabe algérien ?L’arabe algérien c’est ma langue maternelle, je m’exprime, je communique avec depuis mon enfance. Si on cherche les plus beaux textes de poésie, ce sont ceux qui ont été écrits dans la langue maternelle de leurs auteurs, je pense à thiqsitin de cheikh El-Hasnaoui…

Un dernier mot ll Je suis une des victimes du blocage culturel qui touche les artistes dans le monde entier, et particulièrement dans notre pays, mais voilà que je viens d’apprendre une bonne nouvelle : des enregistrements de ma poésie ainsi que des textes du patrimoine m’ont été permis grâce à la prise en charge par l’O.N.C.I, ce qui est donc très motivant pour un artiste qui assiste à la reconnaissance de son travail, de son vivant.

Propos recueillis par Mohamed Mahiout

Partager