“C’est l’application de la loi sur l’information qui pose problème”

Partager

Invité hier au dernier numéro de “Question de l’heure” de la radio chaîne III, le ministre de la Communication est revenu sur les dossiers les plus lourds de son département, essentiellement les nouveaux défis qui attendent le secteur et les moyens de le développer, la mise à niveau des médias lourds et leur rôle dans le service public ainsi que l’éventuelle révision du code de l’information.M.Djiar placé à la tête d’un département resté une année sans tutelle, a du pain sur la planche pour redonner une identité et reconstruire la mémoire d’un secteur dont l’importance dans la société n’est plus à démontrer. Une mission que le premier responsable de la communication qualifie d’ “exaltante” parce qu’il considère qu’il y a un travail de création qu’il faudrait mener sur le terrain en concertation avec l’ensemble des professionnels. Il estimera qu’une évaluation du secteur à partir des éléments disponibles et une analyse de toutes les données permettront l’élaboration d’une stratégie qui consolidera les acquis positifs notamment en matière de liberté, et corrigera les lacunes enregistrées ces dernières années. Il expliquera qu’à l’issue de ce travail de réflexion, le secteur doit procéder par priorités. “Mettre à niveau les médias publics fragilisés par l’ouverture”Le premier point abordé par le ministre de la Communication, est la mise à niveau des médias publics fragilisés par l’ouverture de 1990 qui a enregistré un véritable exode des journalistes aguerris qui se sont dirigés vers la création de publications privées, et des incidences graves entraînées par la décision de séparer l’édition de l’impression, ce qui l’a délesté de moyens stratégiques. Il illustrera cette situation par faire savoir que par exemple les six journaux publics représentent 5% des tirages alors que six journaux privés sur les 37 existants y représentent pas moins de 60%. Le redressement des journaux publics commence par l’introduction des techniques managériales dans la gestion car le ministre estime qu’il existe un réel problème de management au niveau de ces organes qui ne disposent même pas d’une maquette et qui ont besoin de rénover leurs méthodes de gestion afin de s’inscrire dans un cadre de logique économique.

“Des coopératives de diffusion seront créées par les éditeurs”Interrogé sur les dettes de la presse écrite, M.Djiar informera qu’elles sont importantes et que plusieurs opérateurs interdépendants des secteurs de la vente, publicité, annonceurs, imprimerie, font partie d’un seul système intégré qu’il faudrait revoir. Il ajoutera que si les 130 publications existantes dont 43 quotidiens maintiennent le cap, c’est en partie grâce au soutien financier des pouvoirs publics qui ont dégagé en 2001 une enveloppe de 100 milliards pour couvrir les besoins annuels des journaux en papiers et qui sont de l’ordre de 40 000 tonnes. Quant au Fonds d’aide à la presse, qui n’a pas été opérationnel en raison des problèmes de distribution de l’argent qui devrait s’appuyer sur plusieurs critères, le ministre soutiendra qu’il a été décidé de procéder à des actions d’intérêt général en lançant des projets de formation, la création d’un centre de perfectionnement des journalistes ainsi que des coopératives des éditeurs pour la diffusion.

Vers la mise en œuvre d’une maison de la télévisionLa branche de l’audio-visuel a été longuement traitée par M.Djiar qui a plaidé pour la modernisation des équipements, la mise en œuvre du projet de la création d’une maison de la télévision et de la TNT (télévision numérique terrestre) et surtout la couverture totale de tout le territoire nationale ainsi que la création des radios locales et de proximité. Il parlera également de la nécessité de réviser les contenus des programmes, la gestion et l’organisation des médias lourds et en ce sens, il fera savoir que les directeurs de ces organismes sont appelés à préparer un plan de redressement avant la fin septembre pour mettre à niveau nos médias et s’imposer sur le plan international.

“La loi de l’information ne gêne pas la libert-é de la presse”Le débat sur la révision de la loi de l’information ne semble pas intéresser le ministre de la communication qui, tout au long de son discours n’a évoqué que les aspects positifs de cette loi qui « protége en premier lieu le journaliste, ne gêne en rien la liberté de l’exercice journalistique » et s’est dit pas du tout adepte de la politique de « changer pour changer ». Il dira également que ces balises que pose cette loi qui a quand même astreint les pouvoirs publics à aider la presse, contribueront à la crédibilisation du métier du journaliste et que « si l’on agit sur la formation et la déontologie, le journaliste évoluera et ce texte deviendra caduc de lui-même ». M.Djiar qui reconnaîtra tout de même que cette loi n’est pas parfaite, notamment en matière d’application en raison de manque de définition des articles qui ouvrent la porte à plusieurs interprétations, affirmera que la révision constitutionnelle permettra à coup sûr l’ouverture de nouvelles perspectives pour la consolidation des libertés et, qu’en attendant, il faudrait continuer à réfléchir ensemble.

H.Hayet

Partager