Calouste Gulbenkian, un magnat du pétrole philanthrope et féru d’art

Partager

l Bien que ne possédant pas de gisement de pétrole, l’or noir a joué un rôle clé dans le développement culturel et scientifique au Portugal grâce à la Fondation privée Calouste Gulbenkian qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire. Pour beaucoup, la Fondation Gulbenkian, la sixième plus riche d’Europe, a joué le rôle d’un véritable « ministère de la Culture » portugais au cours de ces dernières décennies. « Cette institution a été une coup de chance extraordinaire dans l’histoire de ce pays », soulignait le mois dernier le sociologue Antonio Barreto, qui travaille actuellement à l’écriture d’un livre sur l’impact de la Gulbenkian dans l’un des pays les plus pauvres d’Europe.Cette institution portugaise de droit privé, reconnue d’utilité publique, oeuvre dans les domaines des arts, qui représente plus de 40% du budget global, de l’éducation, des sciences et de la bienfaisance. Véritable moteur de la scène culturelle portugaise, la Fondation gère également un orchestre et un choeur de renommée internationale. Les actifs financiers de la Gulbenkian s’élèvent aujourd’hui à environ trois milliards d’euros, ce qui correspond à près de 2% du PIB portugais. « Cela nous apporte une grande solidité financière qui nous assure l’indépendance et les conditions nécessaires à la continuité » de la Fondation, a indiqué récemment son président Rui Vilar. Le budget de la Fondation s’est élevé cette année à 113 millions d’euros et dispose de moyens plus importants que certains ministères portugais. Plus de 80% de cette somme est dépensée au Portugal et dans les anciennes colonies africaines lusophones. La Fondation a été créée en 1956 par volonté testamentaire de l’homme d’affaires d’origine arménienne Calouste Sarkis Gulbenkian, décédé un an plus tôt dans la capitale portugaise où il a vécu les treize dernières années de sa vie. A 73 ans, en pleine seconde guerre mondiale, il décide de quitter la France, alors sous occupation allemande, pour se réfugier au Portugal. Ce richissime homme d’affaires, qui avait obtenu la citoyenneté britannique, est né en 1869 à Istanbul dans une famille de négociants arméniens aisés. A la fois pionnier du développement pétrolier au Moyen-Orient et un négociateur avisé, celui qui avait été surnommé « Monsieur cinq pour cent » en référence à la participation qu’il détenait dans une compagnie pétrolière, joua un rôle majeur dans la constitution des premiers grands acteurs de l’industrie internationale du pétrole qui commençait à prendre forme au début du XXe siècle. Sous la dictature salazariste, la Fondation, qui a distribué plus de 65.000 bourses depuis ses débuts, a beaucoup contribué au développement de la culture au Portugal grâce à la mise en place d’un réseau de bibliobus. Cette initiative a permis d’apporter la culture dans les régions les plus reculées à une époque où les bibliothèques publiques étaient très peu nombreuses et où le taux d’illetrisme était très élevé. « Des initiatives comme celle-ci ont touché profondément l’intrérieur du Portugal pendant la seconde moitié du XXe siècle », a récemment rappelé le président portugais Anibal Cavaco Silva lors d’un hommage à Calouste Gulbenkian. Grand amateur d’art, M. Gulbenkian a en outre légué sa vaste collection d’oeuvres d’art afin de remercier le Portugal de l’avoir accueilli. Son imposante collection, qui comprend des sculptures égyptiennes, des céramiques orientales ou encore des médailles grecques et de nombreux tableaux, est exposée dans un musée lisboète qui porte son nom, inauguré en 1969. La Fondation est également présente à l’étranger. L’institution dispose notamment d’une antenne à Londres et d’un centre culturel à Paris.

Partager