Le long métrage documentaire « La chine est encore loin », basé sur le quotidien de jeunes élèves des Aurès, écrit et réalisé par Malek Bensmaïl, a été projeté lundi à la salle de la cinémathèque à Alger, en avant première algérienne. D’une durée de 130 minutes, le documentaire est une immersion dans une salle de classe de l’enseignement primaire d’une école du petit village de « Ghassira » dans l’est du pays et dans l’univers de la région d’Arris et du Ghoufi. Tout au long de l’année scolaire 2006-2007, le réalisateur et son équipe ont suivi le parcours des élèves de cette classe et les efforts de leurs enseignants, pour montrer le quotidien difficile et les lacunes de l’éducation dans une région défavorisée mais pourtant très riche d’un point de vue historique et touristique. Souvent, le regard de la caméra s’aventure en dehors de la salle de classe ou de l’école coranique pour suivre des habitants du village qui pleurent l’inexploitation de la richesse naturelle et historique de leur région. Des écoliers d’aujourd’hui, aux témoins du déclenchement de la guerre de libération algérienne dans les Aurès, Malek Bensmail interroge les habitants du village sur leur rapport à l’histoire, à la langue et à la France. Sans instruction, les personnages s’exprimaient librement sur leur vécu, en tamazight (en dehors de l’école), en arabe ou en français. Interrogé par des cinéastes, qui ont plébiscité son oeuvre, sur le degré de sincérité des personnage, Malek Bensmaïl a confié avoir initié à quelques techniques de tournage les élèves de l’école qui se sont « très vite habitués à la présence de l’équipe et du matériel dans leur classe ». D’autres habitants, personnages adultes comme celui de « Azzouz » ou de l’ »Emigré », qui se lamentent sur la misère et l’abandon d’un patrimoine et d’une région si riche, se sont complètement approprié la caméra et ont illustré leurs convictions « de façon un peu surjouée » a indiqué le réalisateur. Ce documentaire aborde aussi la condition de la femme Chaouie, à travers la présence de la femme de ménage de l’école qui s’est dévoilée progressivement à la caméra et qui a « exigé » de témoigner à la fin du film pour parler de son parcours du combattant vers l’émancipation et surtout du lourd legs de la décennie noire. Le titre choisi, « La Chine est encore loin », évoque de façon explicite les propos du prophète de l’Islam disant « Recherchez le savoir jusqu’en Chine », pour montrer des lacunes dans l’éducation, le tourisme et la prise en charge et la valorisation du patrimoine algérien. Sorti en 2007, le documentaire a déjà été distingué du prix spécial du jury de la 30e édition du festival des trois continents à Nantes (France) en 2008 et du grand prix du festival international du film documentaire de Munich en 2009.