A 4 km de la ville de Ouadhia, une dizaine d’hameaux éparpillés dans les collines surplombant El Had Iouadhiene, le nom choisi par les villageois pour désigner le territoire séparant la zone urbaine du monde rural, continuent à exister en dépit d’un exode rural qui, sans doute, ne cessera jamais tant que les conditions de vie ne tendent pas à s’améliorer à Ouadhia tribu qui a fait l’objet de notre visite en compagnie du président de l’APC M. Hallou Mohand Oubelkacem. En premier lieu, lorsque nous avons entamé cette visite, l’objectif était de constater l’avancée des travaux de revêtement de la route principale reliant le chef-lieu à ce grand village, mais par la suite le maire a voulu aller avec nous au fond des choses, à savoir mettre à notre connaissance le travail colossal qui attend son exécutif pour améliorer le quotidien de ses concitoyens.Revêtement en tapis de la route du villageCe projet est d’une importance capitale pour les villageois et particulièrement pour les transporteurs dont l’un d’eux nous déclare sa grande satisfaction de voir cet axe routier long de 6 km enfin bitumé. Car, jusqu’a à une époque récente, cette voie de communication était impraticable et dangereuse à cause de son état de dégradation avancée. Pour avoir contribué à réaliser cette opération, le P/APC s’est accordé les faveurs d’être le principal artisan de cette entreprise, et ce, en arrachant de l’administration une enveloppe de 1 milliard de centimes, dans le cadre des projets sectoriels qui, d’habitude, sont accordés uniquement aux chemins de wilaya et aux routes nationales.Une antenne administrative en cours de réalisationAvant d’atteindre le centre du village où une stèle commémorative est érigée par les jeunes à la mémoire des victimes du Printemps noir, au nombre de quatre tombés devant la brigade de gendarmerie des Ouadhias, notre accompagnateur (le maire) nous a conduits directement ver le lieu où une antenne administrative sera construite. En arrivant sur place, à coté d’une école transformée en logements pour des enseignants de la région, nous avons constaté effectivement le début de réalisation de cette infrastructure. A travers ce projet, il est clair, ce n’est un secret pour personne, que l’APC veut désengorger le service de l’état civil de la municipalité, et par la même, rapprocher l’administration de ses administrés.Le bureau de poste toujours ferméEn rencontrant les citoyens du village, un jeune a interpellé le maire sur les raisons qui retardent la réouverture du bureau de poste malgré les travaux d’aménagement et de réfection dont il a fait l’objet. Sans aucune gène, le P/APC à rejeté toute responsabilité de son exécutif devant cette situation, tout en signalant qu’il a pris attache plusieurs fois avec les responsables des postes et télécommunications de la wilaya pour régler ce problème, mais en vain. De ce fait, les veuves de chahid et les ayant-droits du village, les handicapés qui bénéficient des allocations forfaitaires de solidarité continueront à se rendre à l’agence postale de la ville de Ouadhia avec tous les désagréments et les frais qu’engendrent ces déplacements.La salle de soins dans un état lamentableToute la région des Ouadhias souffre du manque de couverture sanitaire. Ce constat a été établi depuis plusieurs années. Même les infrastructures existantes ne répondent plus aux normes sanitaires. Le cas de la salle de soins de Ouadhia village en est la parfaite illustration. A ce sujet, les citoyens, profitant de la présence du P/APC ont fait état de l’insalubrité qui règne dans la structure relevant du secteur sanitaire de Boghni. De plus, ils ont signalé l’absence de médecins et le manque de moyens à l’intérieur, ce qui a réduit celle-ci en un simple lieu où l’on prodigue des soins élémentaires. Tout de même, l’APC, a entamé recemment des travaux d’assainissement à proximité de la salle de soins. Cette opération, selon M. Hallou, devra profiter aux habitations voisines qui, d’ailleurs, sont un héritage de l’époque où les pères blancs marquaient leur présence dans cette région. En tous les cas, pour parer au plus pressé, le maire a promis une grande opération de rénovation de la salle de soins, parallèlement, bien sûr, à son combat actuel pour arracher un projet d’hôpital pour toute la commune des Ouadhias.Les jeunes désœuvrésIls représentent la majorité dans le village qui compte plus de 5 000 habitants, mais ils n’ont absolument rien sauf un café au centre du village. En dépit de cette situation, les jeunes abordent le premier responsable de l’APC avec respect et une certaine pédagogie. Leur principale revendication reste le travail, car de ce côté, la situation est alarmante et n’inspire pas une grande confiance. A travers les discussion engagées avec eux par le P/APC, il semble que les autorités locales sont incapables, du moins dans l’immédiat, d’offrir des solutions, d’autant que les dispositifs qu’ils ont en main ne peuvent endiguer le phénomène du chômage des jeunes. Au demeurant, il semble que les offres d’investissements ont été faites à plusieurs investisseurs, notamment CEVITAL qu’on dit être intéressé par cette région qui renferme beaucoup de potentialités. A cet effet, l’APC est disponible à accorder toutes les facilités surtout en ce qui concerne les assiettes foncières. En attendant cela, même les activités pour jeunes manquent à Ouadhia village, puisque les structures sont absentes.L’inévitable exode ruralDu moment que la situation dans ce village qui s’etend de Anar Tala jusqu’à la limite de la commune de Beni-Douala, parle d’elle-même, en accostant le premier vice-président qui a refusé de démissionner de l’exécutif malgré l’appel de son parti (FFS), l’exode vers la ville est inévitable pour de nombreux villageois. Parmi ceux-ci, il y a les bénéficiaires de logements dans ses différents aspects et les bénéficiaires de lots de terrains qui, d’emblée, n’hésitent pas à construire en ville. Un citoyen nous a dit que “nombreux sont ceux qui ont envie de rejoindre la ville à la recherche de ses commodités”. Il n’y a pas seulement le déplacement vers la ville, même l’immigration à l’étranger bat des records à Ouadhia village où l’on compte une forte communauté établie en France.Un grand défi attend le maireEn quittant ce village avec le maire dont une partie de la population a signé des motions de soutien en sa faveur après le retrait des élus FFS de l’assemblée, celui-ci nous a avoué que “mon action vise à améliorer le quotidien des citoyens de toute la commune, mais la tache n’est pas toujours aisée au regard des besoins des populations”.Effectivement, mis à part les problèmes cités, ils existent d’autres que nous avons découvert en cours de route vers ce village, comme la prolifération des décharges sauvages, le manque fréquent d’eau que l’APC compte régler avec l’acheminement de l’eau à partir des forages de Takmoukht, l’etat de dégradation de certains chemins vicinaux auxquels il faudra des opérations de réhabilitation et de revêtement… Donc, le défi du développement est énorme, mais rien n’est impossible pour, au moins, alléger la souffrance des villageois.
M. Haddadi