Si l’adage dit que les apparences sont souvent trompeuses, néanmoins elles, et le visage en premier lieu, renseignent parfaitement sur la personne, cela s’applique merveilleusement à Brahim Zenia, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ce brin de chanteur qui fera parler de lui.Lors des quatrièmes journées de poésie amazighe, Youcef ou Kaci et Si Moh ou M’hand, la semaine passée à Azeffoun, Brahim a subjugué les poètes et autres locataires de l’auberge de jeunesse avec sa voix et ses mélodies qui rappellent Brahim Tayeb. A son actif déjà un album écrit et composé pour la chorale Imguden n usirem (Les bourgeons de l’espoir, de l’association Youcef Ou Kaci d’Aït Jennad et intitulée Massinissa, étincelle de liberté, Brahim est à son deuxième album, en solo cette fois, qui sortira vers le mois de novembre prochain. Dans cette nouvelle production, on retrouve huit titres dans différents thèmes : Assmi ugadagh, Tamettant n tayri (la mort de l’amour), Djamil”, Yughal d usirem (le retour de l’espoir) qui est le titre de l’album. Et si on parcourt la plupart des albums produits pendant des années, on ne retrouve pas ce thème, l’espoir en l’occurrence, et qui est le parent pauvre des thèmes abordés. Tant mieux si Brahim nous rappelle qu’après la pluie, c’est le beau temps et on a beau lorgner sur la situation “catastrophique”, le soleil finira pas se lever pour griller les bourgeons. Mais, Brahim ne reste pas là, et pousse le bouchon plus loin, là où nul n’a osé, en parlant d’un phénomène dévastateur, qui prend de l’ampleur chaque jour que Dieu fait. Il s’agit du suicide, qu’il aborde dans le même titre Yughal d usirem. Il dit à cet effet, “l’amour et l’espoir sont les deux remèdes contre ce fléau, et je ne cesserai pas de chanter contre lui. Il faut que les artistes, écrivains… se mettent tous sur ce chemin avec leur plume et leurs instruments. L’artiste a toujours raison et Gandhi disait justement : “L’artiste doit aimer la vie et doit nous la faire aimer, sans lui, nous en douterions”.Les débuts de Brahim dans la chanson remontent au début des années 90, il était adolescent. Le déclic, dit-il, est la vue du racisme et le déni identitaire qui ont allumé la flamme en lui, en plus de l’amour, cet élément incontournable. Bon élève déjà à l’école, il écrivait des poèmes, la revendication et l’amour, d’où le besoin de chanter par la suite. Puis, Idir, Matoub et les Abranis ont forgé en lui le désir de chanter, jusqu’à souhaiter d’être l’auteur de la chanson iseggaden n tafat (les chasseurs de lumière) de Idir et Tigzirin tiknariyin (les îles Canaries) de Ferhat Imazighen Imula. Mais aussi Leslama ay abehri (bienvenue ô brise) des Abranis.Le jeune et talentueux chanteur lance un appel solennel aux autres jeunes désirant chanter leur disant qu’ils doivent respecter cet art et ne pas tomber dans le jeu de la facilité. Il se dit disponible à apporter son soutien à celui qui le souhaite, particulièrement dans le domaine de la musique et même les paroles et les arrangements, restauration des archives sonores anciennes ou montage audio. Concernant les chorales, il conseille de prendre au sérieux le travail de celles-ci, pour assurer à long terme. Mais surtout, il faut leur apprendre le solfège. Bon courage, l’artiste.
Salem Amrane