Si pour nos voisins, Marocains et Tunisiens, le tourisme, en plus des milliers d’emplois directs et indirects qu’il génère, constitue une importante manne de devises, chez nous, bien que nous disposons de potentialités autrement plus conséquentes avec notamment le grand Sud et la beauté envoûtante des stations balnéaires, le tourisme, malgré quelques velléités de développement manifestées ça et là à l’approche de la saison estivale, n’arrive toujours pas à prendre son envol. Grâce aux efforts fournis en matière de sécurité ces dernières années et à la stabilité qui en a découlé, le pays a enregistré certes, en 2004 par rapport à 2003, lit-on dans la presse, une augmentation de 11% du nombre de touristes. Mais peut-on s’enorgueillir vraiment d’avoir fait développer le tourisme quand on sait que la majorité de ces “touristes” ne sont en fait que des émigrés qui mettent à profit leur congé annuel pour rendre visite aux leurs restés au bled ? Quant aux rentrées en devises ayant pour source les émigrés, contrairement au Maroc où elles sont de l’ordre de 20 milliards de dirhams, elles sont chez nous des plus négligeables puisque les émigrés préfèrent s’adresser aux cambistes parallèles qui offrent un taux de change bien plus avantageux par rapport à celui des banques. Lors de la dernière réunion avec les cadres de son département, le ministre du Tourisme a lancé un appel en direction des émigrés pour les inviter et les inciter à procéder au change de devises dans les banques dès leur arrivée sur le territoire national. Mais sera-t-il entendu ? Surtout que les bureaux de change officiel ne sont pas légion aux frontières et que les émigrés, depuis que l’euro a atteint des cimes vertigineuses par rapport au dinar, ont les yeux plus gros que le ventre.Les vrais touristes, c’est-à-dire ceux qui viennent pour découvrir l’Algérie et sa culture et qui ont de l’argent à dépenser, ont surtout besoin de structures d’accueil et de bonnes conditions de séjour. Ils sont aussi intéressés par des circuits touristiques bien élaborés et de guides avisés. Or le peu d’hôtels classés, ou même non classés, implantés le long des côtes, affichent complets de mai à septembre. Et ce n’est pas la pléthore de touristes qui provoque la pénurie de chambres mais plutôt le nombre réduit de chambres qui fait problème. Par ailleurs, les larges plages de sable fin, les criques entourées de verdure, si paradisiaques qu’elles soient, sont sales à faire pleurer, tant les sachets noirs, les canettes de bière, les bouteilles vides et autres déchets défigurent ces lieux de détente et de repos. Pourtant, sur la plupart des plages, les APC recrutent des jeunes pour encaisser les droits de stationnement. Ces mêmes APC pourraient, pour la saison estivale, recruter un plus grand nombre d’autres jeunes pour rendre les plages irréprochables sur le plan de la propreté. En plus de la location des parasols, d’autres initiatives pourraient être réalisées et rentabilisées par les APC, l’installation des poires de douches qui permettraient aux baigneurs de se déssabler en fin de journée. S’agissant de la sécurité des baigneurs, les surveillants des plages se plaignent tous du manque de moyens de sauvetage mis à leur disposition. Leur équipement se résume la plupart des cas à un sifflet alors qu’un zodiac doit faire partie du strict minimum de matériel à allouer à un poste de surveillance. De plus, une fois le noyé hors de l’eau, une bonne gestion des stations balnéaires voudrait qu’il y ait, pour évacuer rapidement les “sauvés” à l’hôpital, au moins une ambulance pour deux plages rapprochées.Il est temps aussi, maintenant que la téléphonie mobile avance à pas de géant dans ce pays, que les opérateurs érigent, à l’instar des grands axes routiers, leurs pilons le long des côtes. Parce que jusqu’à présent, la plupart des plages, même celles situées à proximité des grands villes, ne sont pas joignables par téléphone. Pour une fréquentation assidue du pays par les touristes, les efforts de tous sont à coordonner et les professionnels du tourisme doivent se montrer à la hauteur de leur mission.
B. Mouhoub
