Une commune dans le désordre alphabétique

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En 1984, lors du dernier découpage administratif, El Adjiba qui dépendait de Bechloul, commune mère n’At Yaâla, est promue au rang de municipalité. Une décentralisation tant attendue pour justement rapprocher le citoyen de l’administration. Néanmoins, si cette mesure s’avère efficace dans un volet, elle ne l’est pas dans l’autre. En effet, El Adjiba à l’instar des nouvelles municipalités, s’est retrouvée face à un vide incommensurable en matière d’investissement et de ressources et ne vit qu’au dépend du seul budget de fonctionnement concédé par la wilaya. Et face à cette délicate situation, l’équipe portée aux commandes de cette institution, après les premières élections déroulées bien sûr sous la bénédiction du désormais ex-parti unique, le Front de Libération nationale a tenté tant bien que mal de lancer des chantiers touchant différents domaines.Le mois de juin 1990, la population de cette commune est encore une fois appelée à élire une Assemblée populaire communale, étant donné que le mandat de la première a atteint son terme. Cependant, eu égard aux évènements d’octobre 1988, le paysage politique de l’Algérie a fait sa mue et plusieurs listes sont alors confectionnées, représentant des formations politiques et autres candidats indépendants. Le jour du scrutin, le dernier mot est revenu au candidat indépendant qui a occupé le trône de cette commune sous l’ère de l’ex-parti unique. C’est une reconduction du premier responsable. Quant aux partis politiques, leur participation timide soit-elle, a buté sur une difficulté d’ancrage et le manque d’une douceur persuasive ne leur a pas permis de récolter beaucoup de voix. Ce semi-échec est dû inéluctablement au manque d’expérience des militants de ces partis en manque de formation.Le trait d’union, qui devait normalement relier les deux principales rives de cette commune, est resté à ce jour en suspens, en dépit des différentes démarches entreprises par les autorités locales. Ainsi, l’absence d’un pont carrossable, élément qui fera office d’intermédiaire entre ces deux localités à forte densité d’habitations, demeure le facteur majeur qui retarde encore le développement dans cette région à vocation agricole. Dans les années 70, le marché hebdomadaire de cette commune avait une réputation et a connu une grande affluence des citoyens qui venaient des communes avoisinantes, et ce, pour sa qualité de fruits et légumes qui s’y proposent. Maintenant, il ne reste que ces bons souvenirs qu’on fait rapporter à chaque fois qu’on aborde la question du pont et de la “disjonction” dont est victime cette commune.A l’instar des autres régions du pays, El Adjiba a payé son lot dans la lutte contre l’obscurantisme. Sa situation géographique a été exploitée par la horde intégriste qui y a installée son QG. La dense forêt de Chréa, passée plusieurs fois au peigne fin par les services de sécurité, n’arrive toujours pas à se vider des criminels. L’extension de ce relief vers Thamellaht a permis aux terroristes de se réfugier et même se déplacer en toute quiétude. Leur acharnement de façon répétée contre cette population, qui lui a tenu tête, a été des plus rares virulences. Ils sont parvenus à assassiner froidement et à bout portant des jeunes en plein-centre du chef-lieu de la commune. Mais la détermination et l’engagement de cette population, à ne pas abdiquer devant cette menace a pris le dessus en interdisant aux assassins l’accès à cette ville.Durant le Printemps noir, cette localité n’a pas dérogé à la règle, elle a fait siennes dans l’engagement pour les causes justes. Elle a vécu des émeutes, elle a crié fort pour dénoncer la hogra, l’injustice et l’impunité. Ces actions sont soldées par l’arrestation de quelques jeunes soupçonnés de meneurs. Mais une année plus tard, soit en octobre 2002, une partie de cette population a jugé utile de participer aux élections les plus controversées. Un acte qui a vraiment poussé à l’essoufflement du Mouvement citoyen dans cette localité. C’est une vision purement partisane que le Front des forces socialistes a adopté.Jour après jour, les yeux se braquent sur la gestion de la commune. C’est presque une page tournée pour le mouvement de la dynamique citoyenne. On guette le moindre faux-pas pour. C’est un trio du groupe constituant l’assemblée de monter au créneau pour dénoncer quelques irrégularités. Les choses n’ont pas tardé à rentrer dans l’ordre qu’un groupe de jeunes a engagé un bras de fer avec le maire. Ces derniers ont entamé des travaux de construction des locaux commerciaux de fortunes. Après des tirs croisés, la justice, saisie par le premier magistrat de cette commune, rend le verdict, sommant les jeunes à surseoir à leur action. Tout de même, il y a lieu de souligner que cette nouvelle équipe n’est pas restée les bras croisés. Des chantiers ont été engagés, à l’image du projet de construction des logements participatifs, l’achèvement des projets engagés par l’Assemblée sortante, la résorption de l’habitat précaire et tant d’autres actions.Il importe de signaler aussi que des infrastructures tant attendues ont été réalisées dans cette commune. Les jeunes, qui constituent la majorité de la population, ont été des années durant livrés à eux-mêmes. Ni centre culturel ni même une bâtisse décente à même de leur permettre d’exercer différentes activités n’y sont implantées. Maintenant, avec la réalisation d’une grande salle omnisports, les jeunes trouveront leur compte. Ajouter à cela l’ouverture d’une annexe de centre de formation professionnelle où plusieurs disciplines seront dispensées. Il reste tout de même souhaitable que les responsables locaux se penchent sur le cas des jeunes issus des localités de Semmache et de la Crête-Rouge qui, à défaut d’un pont carrossable, se trouvent contraints de faire des détours pour atteindre le chef-lieu de la commune.Bien que située à quelques mètres du lieu de passage du gazoduc, El Adjiba a connu les affres de la rareté du gaz butane durant la saison du froid. Les dépositaires existants ne peuvent en aucun cas satisfaire la demande de la population et c’est un parcours du combattant pour certains de pouvoir se procurer une bonbonne. Et ce n’est que récemment que les travaux d’alimentation en gaz de ville ont vu le jour au niveau d’El Adjiba-centre. Ce projet venu à point nommé touchera certainement tous les villages relevant de cette commune et les travaux se feront par tranche, selon la densité de la population. Une autre préoccupation restant toujours dans l’espoir de connaître son épilogue est celle relative à la chute de tension signalée à maintes reprises par les habitants de la Crête rouge. Manifestement, les responsables locaux ont formulé une demande de renforcement de cette ligne et des transformateurs ne tarderont pas à être placés. Quant au désenclavement de certains quartiers, il importe aussi de rappeler que des citoyens se sont pris en charge et ont organisé des volontariats pour faciliter l’accès à leurs lieux de résidence. Cela aurait été mieux si c’était l’APC qui a pris en charge cette problématique pour régler les litiges de limitation de la chaussée où certains gens font la loi.Au-delà de toutes ces insuffisances signalées, il y a lieu de situer les éléments positifs que personne ne peut nier. Les potentialités dont regorge la commune d’El Adjiba ne cessent en aucun cas d’apporter leurs contributions. Au niveau de Semmache, l’on remarque la multiplication des rencontres et autres conférences-débats sur différents thèmes que les universitaires animaient. Dans un autre registre, on ne peut que se réjouir du nouveau look que prend au fil des jours le chef-lieu de la commune. Disons, enfin, que la volonté des différentes équipes qui se sont succédées aux commandes de cette municipalité ont apporté un plus pour ce territoire et en considérant les enveloppes financières qu’accorde la wilaya, on ne peut en aucun cas incriminer les élus ou leur porter l’entière responsabilité des insuffisances signalées.

M. Smaïl

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