CamélidésLe touareg possède une terminologie abondante concernant le chameau, mais en fait le dromadaire (voir liste dans Cortade-Mammeri, 1967, p. 91-94). Les mots, en rapport avec la taille, la couleur ou l’âge de l’animal, sont propres à ce dialecte. Le seul terme pan-berbère est le nom générique – alghem / aghlem – et il semble qu’il soit emprunté à une période ancienne, soit à l’arabe (R. Basset, 1905), soit, plus vraisemblablement au sémitique, peut-être par l’intermédiaire du latin (S. Chaker, 1995-96, p.274).-alem « chameau » fém. talemt (To)-alem « chameau » fém. talemt (Ghd, Wrg, Mzb)-alghem « chameau » fém. talghemt (Siw, Nef)-alghum « chameau » fém. talghumt « chamelle, p. ext. vague d’eau » (MC)-aram, aream « chameau » fém. taramt, tareamt (Chl)-alghem, arghem « chameau » fém. talghemt, targhemt (R)-algh°em « dromadaire » fém. talgh°emt « chamelle, p. ext. nappe d’eau jaillissant » (K)
oiseauxSur le nom générique de l’oiseau, voir section 7.2.2.
coq, pouleDe tous les oiseaux terrestres élevés par les Berbères, seuls le coq et la poule ont un nom commun.-ekahi « coq » tekahit « poule » (To)-aéiv « coq » taéiî » poule » (Ghd)-yaéiî « coq » tyaéeî « poule » (Siw)-yaéiv « coq » tyaéivt » poule » (Mzb, Wrg)-ayaéiv « coq » tayaéiîî « poule » (MC, K)-yaéiv « coq » tyaéiîî « poule » (R)-gaéiî, agaéigh « poulet, coq » tagaéiî « poule » (Cha)
pigeonUn autre volatille, le pigeon vivant à l’état sauvage ou en captivité, a un nom commun :-edebir « pigeon (sens ancien), ganga mâle « tedebirt » ganga femelle » (To)-adabir « pigeon » (Ghd)-adbir « pigeon » (Nef, Skn, Siw)-atbir « pigeon » tatbirt « pigeonne » (Mzb)-atbir « pigeon, colombe » tatbirt « pigeonne » (MC)-adbir « pigeon » tadbirt « pigeonne » (Chl)-itbir « pigeon » titbirt « pigeonne, tourterelle, colombe » (K)
Autres animaux, chat Son nom est largement répandu :-mucc « chat » (To)-amnic « chat » (Nef)-mucc « chat » fém. tmuccit (Wrg, Mzb)-amucc « chat » fém. tamuccit, pl. imuccen « félins » (MC)-amucc « chat » tamucca « chatte » (Chl)-mucc « chat » amcic, ms. (R)-amcic « chat » fém. tamcict, Mucc, nom légendaire du chat dans les contes (K)
Tortue Cet animal aurait été sacré chez les Berbères. Aujourd’hui encore, dans de nombreuses régions du Maghreb et plus particulièrement en Algérie, il passe pour un animal prophylactique, protecteur des maisons et préservateur contre les génies et le mauvais œil. Son nom, ifker, est commun à la plupart des dialectes berbères et il est passé dans l’arabe maghrébin sous la forme fekrun, réemprunté parfois, par quelques dialectes berbères.-tafekrunt « tortue » (Nef)-ifker, ifcer « tortue » (MC)-ifker « tortue » (Chl, R, Cha)-ifker « tortue » tifkert « tortue femelle, p. ext. creux du ventre » (K)-fakrun « tortue » (Zng)Le mot est absent du touareg mais les parlers du Niger connaissent une forme, efakre, désignant un cheval de mauvaise race.Eléments, choses en rapport avec les animauxNous réunissons ici des termes désignant des parties du corps des animaux, des choses en rapport avec eux. Pour les verbes exprimant des actions ou des états liés aux animaux, voir chapitre 1.
corne Le mot isk, isek est commun à plusieurs dialectes, avec souvent une assimilitation de la séquence sk, qui dévient cc.-ackaw « corne » (To)-accaw « corne » (Siw)-acciw « corne » (Nef)-accaw « corne » taccawt « corne, p. ext. espace sans cheveux sur les côtés de la tête au dessus du front » (Wrg)-accaw « corne, p. ext. bracelet en corne » (Mzb)-isk, icc « corne, p. ext. sommet, col de l’utérus » tismiccut » bête qui a des cornes » (MC)-isk « corne » tiskett, ms. (Chl)-isk, icc « corne » qicci, aqacciw, ms. (R)-iccew, icc « corne » ticcewt, ms. askiwen, plssg » col de l’utérus, ovaires » (K)Le kabyle emploie un verbe, eckev, forme de eck / isek et d’une radicale v sans doute d’origine expressive, dans le sens de » donner des coups de corne « . Un autre verbe, de même sens, est commun a quelques dialectes.-enoes « donner un coup de corne, un coup de tête « amânoas » animal qui frappe de la tête » (To)-enoez « donner des coups de cornes, des coups de tête » (Ghd)-nges « donner un coup de tête, un coup de corne (bélier) » (Chl)
sabot Un premier terme, tifenzit, est commun à plusieurs dialectes, avec parfois des variations de sens notables :-tifenzit « sabot des animaux » (Nef)-tafenzit « sabot, ongle de capridé, d’ovin » (Wrg, Mzb)-tafenzut « ongle des animaux (chien, chacal, sanglier) » (Chl)-tifenzepp et surtout le pl. tifenza « sabot des ovins, des bovins et des caprins, sabot de sanglier » (K)-tifenzet « pointe du pied des animaux » (Cha)Dans les parlers du Maroc central, ifenzy désigne la pointe du pied humain (ensemble des doigts du pied). Le mot est encore attesté en touareg, tafensut, mais avec le sens d’ »angle saillant, angle convexe d’un corps solide ».Un second terme, tinse, désigne le pied des animaux domestiques, à l’exception du touareg où il désigne aussi les doigts du pied humain :-tinse « doigt du pied, orteil (personnes), p. ext. pied et jambes chez les personnes et les animaux » (To)-tinsi « pied et bas de pied des quadrupèdes » (Wrg)-tinsi « pied d’animal (notamment d’ovin) » (Mzb)-tinsit » pied de bête de somme » (Chl)-tinsa, plssg « sabots des bovidés, pattes des bovidés, coupées et cuites » (K).
Toison Le nom, commun à quelques dialectes, dérive du verbe ales / elles, qui signifie « tondre » mais aussi « recommencer » (voir chapitre 1).-alis « toison de laine » (Ghd)-ilis « toison » amlas « tondeur de mouton » amlus « mouton ou chèvre qui vient d’être tondu » (MC)-ilis « toison » (R, K, Cha)
laine Le mot qui désigne la laine est plus répandu que celui qui désigne la toison :-tevuft « laine, poil de dromadaire » (To)-evveft « laine » (Siw, Mzb)-uvvuft « laine » (Skn)-tuveft « laine brute » (Ghd, Nef)-tevvuft « laine » (Wrg)-tavutt » laine, p. ext. travail de la laine, p. ext. gourme (affection cutanée des enfants) » (MC)-tavuft » laine » (R)-tavuîî, tavuv » laine » (Chl)-tavut » laine » uvuv » suint » (K)Le flocon ou les fils de laine sont désignés, dans quelques dialectes, par un mot commun :-amcim » petit brin de laine, tombant du métier à tisser » (Mzb)-ameçin » trame faite de fils de laine mêlée à des poils de chèvre » (MC)-ameççim » flocon de laine, de coton, de neige » (K)Le mot a dû désigner, à l’origine, le brin ou la brindille, ainsi que le montre le ghadamsi ameççin » brin de paille « , tameccimt » menues brindilles que le vent soulève « .
colostrum Le premier lait émis par la femelle, mais parfois aussi par la femme, a partout le même nom :-edeghes » lait des 24 heures suivant la mise bas, p. ext. substance laiteuse des graines de céréales » (To)-avghes, avxes » colostrum, lait de la femelle après la mise bas » avghesi » couleurjaune clair » (Wrg)-adghes » colostrum, fromage fait avec le premier lait » (MC)-adxes, adghes » colostrum » (R)-adghes » colostrum » (K)-adxes » colostrum » (Cha)Aile Le nom est issu d’un verbe fer / ferfer signifiant » voler, s’envoler » (voir plus loin). Le même mot désigne aussi la feuille de végétal (voir section 6.1.3.2.) une distinction morphologique est parfois faite entre les deux mots :-afraw » aile, plume d’oiseau, feuille de végétal » (To)-afriw » aile » tafrit » feuille de végétal » (Nef)-tefra » feuille de végétal » afraw » aile d’oiseau, de criquet » (Ghd)-afer » aile, p. ext. pan de vêtement » tifrit » feuille de végétal, peau de fruit, écaille, écorce » (Wrg)-afer, afriw » aile, pan de vêtement » (Mzb)-afer » aile, feuille » taferfart » hélice » (MC)-tifirip » feuille » ifer » grande aile, feuille » (Chl)-ifer » aile, feuille de végétal » tiferep » aile » taferfart » hélice » (K)-afer » aile » (Cha)-affriwi » aile de flèche » taferwad » aile » (Zng)œufL’œuf est appelé diversement et si une dénomination est commune, elle ne dépasse guère quelques dialectes. Ainsi le kabyle et le rifain dérivent leur appelation, tamellalt du verbe imlul » être blanc « , le chleuh et le chaoui emploient taglayt, mot désignant aussi le testicule et employé exclusivement dans ce sens dans les parlers du Maroc central et en kabyle, etc. (sur le nom de l’œuf et du testicule, voir chapitre 3).Un seul mot est commun à quelques aires dialectales :-tasedalt » œuf » (To)-tesadal » œuf » (Ghd)-tazdelt » œuf » (Mzb)Le mot dérive d’un verbe signifiant » couver « , attesté dans quelques dialectes (voir plus loin).
crottin Les dénominations des excréments des animaux diffèrent d’un dialecte à un autre. Quelques unes sont cependant communes :-amezzur » crottin de cheval » (To)-amezzur » crottin, fumier (aire, cheval » (MC)-amazir » fumier (chevaux, ânes) » amezzur » fumier (bœufs) » (Chl)-ibezzuren, plssg » fumier, crottin » (R)-amuzzur » crottin (ânes, chevaux) » (K)Un second mot est d’extension restreinte :-ameqqus » gros excrément (de personne ou d’animal), crottin en combustion, p.ext. tas de crottin en combustion » (To)-taxsas » crottin » (Siw)-awexsas » crottin » (Chl)Un troisième mot, plus répandu, a le sens de crottin et de bouse :-esek » contenu de la panse d’un ruminant » (To)-tesekit » crottin de dromadaire, d’âne ou de cheval » (Nef)-tisket » crotte, crottin » (Wrg)-tisçet » crotte, crottin » (Mzb)-tiskett » bouse » ticict » mélange de bouse et de paille sevant à boucher les fissures du mur » (MC)-ticcict » bouse fraîche » (Chl)-tiskit » bouse fraîche » (R)-ticcict » mélange de bouse, de paille et de terre dont on enduit les murs » (K)Un dernier terme est surtout attesté dans quelques dialectes dits du nord :-tarfa » bouse » areffu » fumier des bovins » rruf, sgspl » crottin (chaval, âne, mulet) » (MC)-tarffuct » bouse sèche » pl. tirfiyin, tirefcin » bouse fraîche » (Chl)-Tarfa » bouse, excréments contenus dans la panse non vidée des animaux » (K)Le mot, tarfa, est connu du parler touareg d’Adrar, avec le sens de » ventre » et tarufa » vide forment poche entre le ventre et le vêtement « . C’est sans doute par métonymie, désignation du contenu par le contenant, que le mot est venu à désigner la bouse et les excréments.
M.A Haddadou(A suivre)
