Deux petits tours, et puis s’en vont

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Les universités d’été sont prises d’assaut par les militants de différentes obédiences. Le FLN, le MSP, et même les Aârchs, depuis deux ans, se sont mis à organiser des rencontres au bord de la grande bleue. D’ailleurs, pourquoi appelle-t-on ces réunions militantes, “universités d’été” ? Y aurait-il d’éminents professeurs qui dispensent des cours sur la politique ou sur un sujet à même de prendre en charge les doléances des citoyens ? En rhétorique oui, mais le discours développé par les gourous aux fidèles disciples ne semblent pas être aussi bien assimilé par les partisans chargés de transmettre le message aux électeurs. Il n’y a qu’à voir les scores ridicules des uns et des autres, lors des différents scrutins pour se rendre compte que les universités d’été ne sont en réalité que des ballons de baudruche. Le quorum ayant déserté les urnes, pourquoi alors persévérer dans l’investissement humain et surtout financier de ces regroupements annuels ? D’un point de vue totalement politique, aucun. Mais sur le plan touristique, la formule en question trouve preneurs. Imaginez-vous quelques jours de détente sur le littoral, du sable fin à perte de vue, loger dans un complexe touristique haut standing. En quelque sorte le paradis sur terre pour le commun des fonctionnaires qui voudrait y passer même une heure. Pourtant cette chimère devient réalité pour les plus prétentieux qui ambitionnent d’accéder aux hautes sphères de l’élitisme. A vrai dire, ce n’est pas un hasard si ce sont les mêmes personnes qui se démènent à chaque échéance électorale pour se faire remarquer par leurs supérieurs, et ainsi se voir récompenser par un séjour tous frais payés. Ainsi, la farniente, la bouffe et autres petits plaisirs y étant assurés par les partis politiques en quête d’un électorat, les militants chargés de véhiculer toute l’importance de la communication du regroupement, sont trop occupés par l’épicurisme ambiant. Il est vrai que galérer à longueur d’année à la recherche d’un sac de semoule, donne forcement des idées aux militants acharnés de la cause du ‘’moi d’abord les autres ensuite’’. Ce que l’on appelle pompeusement les universités d’été ne seraient-elles donc finalement qu’un rassemblement d’affamés, et de pique-assiettes de tout bord ? En apparence puisque ; aucun retour d’écho lors des joutes électorales pour ces partis qui organisent ces rencontres dans le but d’ancrer fortement leurs assises auprès des populations. Hormis les privilégiés prenant part à ses manifestations côtières, rares sont les électeurs convaincus par l’utilité de dépenser autant d’argent pour palabrer sur des sujets de ‘’ cohésion, efficacité, solidarité…’’ Des fonds qui auraient pu servir à attirer un peu plus de sympathisants, si par exemple les dirigeants de structures avaient misé sur la proximité. La réalisation de menus projets dans des villes ou villages aurait été accueillie favorablement et l’ancrage du parti activant pour une meilleure gestion n’en aurait été que plus solide. Un soutien et un attachement indéfectibles auraient alors été acquis. Ces individus, qui fréquentent assidûment ces manifestations estivales, sont hélas aux antipodes de la réalité et de la lucidité qu’exige le militantisme. A défaut d’avoir pu s’intégrer dans une société dont ils se disent chargés de défendre les intérêts, les partisans se soignent, se reposent et consomment jusqu’à plus soif. A ce rythme harassant que mène les hommes politiques et autres représentants de structures faisant dans ‘’la gestion de la cité’’, il est sûr que les couches défavorisées deviennent encore plus avides de liberté, et surtout plus défavorables au projet de société que les politiques sont censés véhiculer. ‘’Autant en emporte le ventre’’ est un scénario original qui sort en salle chaque été, un peu partout sur le littoral algérien et même si les chiffres du ‘’box office’’ sont révélateurs, les plus de trente millions de spectateurs eux, ont l’impression d’avoir une fois de plus, assistés à un mauvais navet, comme on leur en sert trop souvent d’ailleurs.

Hafidh Bessaoudi

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