Alerte à la blue tong

Partager

Maladie ovine, bovine bien souvent mortelle, la blue tong (langue bleue) s’est déclarée en diverses zones du territoire de la daïra de M’chedallah, Chorfa, Aghbalou, Saharidj pour ne citer que ces trois communes qui subissent une invasion de l’insecte vecteur de cette maladie animale jamais observée dans la région, des éleveurs commencent à enregistrer des pertes sans pouvoir rien faire pour sauver leur bétail. Le nombre de bêtes qui ont péri jusqu’au début de cette semaine est de cinquante (50) têtes, selon les services agricoles, un chiffre qui est dépassé de loin, d’après les éleveurs, rien que pour la commune de Saharidj. La vétérinaire de la subdivision agricole de M’chedallah que nous avions rencontrée ce dimanche au village Aggache, où elle venait de constater deux cas de cette grave maladie, est catégorique : “Il n’y a aucun traitement contre cette épidémie autre que celui de la désinfection de l’étable aux fins d’éliminer l’insecte et limiter les dégâts”. S’ensuit une empoignade entre un éleveur, qui accuse les services agricoles de négligence, et le subdivisionnaire qui pointe du doit l’APC qu’il accuse d’avoir mis du retard pour lancer la campagne de désinfection. L’agent de l’APC rétorque en signalant le non-respect du planning et du calendrier de vaccinations. Les sous-traitants, (absents) qui sont les vétérinaires privés exerçant dans la circonscription, ne sont pas épargnés par ces accusations qui fusent de part et d’autre. On leur colle la responsabilité d’être à l’origine du chamboulement de cette programmation. Dérouté, le premier adjoint de l’APC, qui a présidé cette rencontre improvisée, n’a fait que suivre un débat de sourds ou aucune conclusion n’a été tirée, ni un programme de lutte arrêté. L’éleveur, quant à lui, tient à souligner que la commune de Saharidj est lésée par rapport au reste des communes de la daïra en matière de couverture de la santé animale. “Et pourtant, martela-t-il, avec celle d’Aghbalou, ces deux communes sont les seules à posséder d’importants parcours de pâturage situés en montagne où est concentré le gros cheptel de la daïra, deux communes qui doivent bénéficier d’un programme spécial en matière de dépistage et soins animaux. Le constat est bien établi : c’est une invasion généralisée, aucun village n’est épargné. Les pertes, une situation qui aurait abouti ailleurs sur une mobilisation générale où tous les moyens disponibles auraient été mis à la disposition des équipes qui auraient dû être déjà sur le terrain. Le subdivisionnaire l’a confirmé lui-même : “On intervient que si on est alerté ou sollicité”. “C’est comme un pompier qui se contente de suivre de loin un incendie ravageur et attend d’être alerté”, ironise l’éleveur visiblement hors de lui et qui continua sur sa lancée : “La situation actuelle n’exige-t-elle pas la mise sur pied d’une cellule de crise qui pourrait centraliser les interventions en coordonnant le travail sur le terrain ? Notez pour le journal”, s’adressa-t-il à nous en ajoutant que les petits éleveurs de la région sont des laissés-pour-compte et que les statistiques et les bilans avancés par les services agricoles concernant la couverture sanitaire du cheptel de notre région ne reflètent pas la vérité au même titre que l’exécution du programme FNDRA. Les sommes colossales englouties dans ce programme n’ont aucune répercussion sur l’état de l’agriculture qui n’a enregistré aucune amélioration. “Il faut que cette situation change”, insista notre interlocuteur. Cet organisme grignote dans le budget de l’Etat pour les salaires de ses agents, leurs bureaux et autres moyens de travail que l’Etat paye rubis sur ongle. Et que donne-t-il en contrepartie ? Quels conseils vous a donnés la vétérinaire après son passage dans votre bergerie ? Avions-nous voulu savoir : “Isoler les bêtes atteintes et les laisser mourir”, nous “jeta” derrière son épaule l’éleveur sans se retourner, visiblement abattu et épuisé par l’effort qu’il a fourni pour se contrôler. Nous ne comprenons que fort bien la douleur de ce citoyen qui assiste impuissant à une atroce et longue agonie de ses bêtes.

Omar Soualah

Partager