L’histoire revisitée

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Douze avril 1957, l’armée coloniale a décidé de détruire le village d’Ath Maâmar dans l’aârch de Boumahni. Novembre 1954, personne ne pensait que ce petit patelin d’environ deux cents habitants allait devenir aux yeux de l’armée de Bigeard, un village à exterminer car dès la première balle, soixante cinq hommes prirent les armes pour devenir le pionniers d’une guerre qui allait mettre fin à un siècle de colonisation. Ils s’appellent Slimani Mouh ou Slimane, Mammeri Mohamed, Ali Kaci Hassan, Salem, Mamou Ahmed Moh Ouamar, Mecharek Ahmed, Maâmar Kaci dit «Moustache» à défier l’artillerie française. Aujourd’hui, par devoir de mémoire, l’association Ath Maâmari a consenti d’énormes sacrifices pour leur rendre hommage. «C’est grâce aux cotisations de tous les villageois que nous avons pu ériger cette stéle dédiée à tous les martyrs», nous dit en premier lieu le président de l’association rencontré en marge de la célébration du 48e anniversaire qui coïncide avec ce douze (12) avril 1957, tout le village a été bombardé. Douze (12) avril 2005, la fête bat son plein. En effet, un programme riche a été concocté. Dans des locaux situés en face de la stèle, qui rappelons est interdite aux officiels, les coupures de journaux, et des photos prises lors de son inauguration en novembre dernier ont été exposées. De nombreux visiteurs venus des quatre coins de la Kabylie ont admiré et félicité ce geste. Après le dépôt de gerbes et la levée des couleurs suivie de Kassaman, un membre de l’association prit la parole pour retracer sommairement le combat héroïque des habitants du village durant la guerre de libération nationale. «Nôtre village a été rasé parce qu’à l’époque tout le monde était contre l’occupant» a-t-il martelé. L’intervention du sécrétaire général a été aussi appréciée. «Si l’armée française a décidé de détruire ce village, c’est parce qu’il servait de refuge à tous les Moudjahidine de la région. Ce qui a accentué la colère des généraux est l’assassinat du capitaine Moreau. Pour ce dernier, on raconte qu’il a été tué par un jeune en l’occurrence, Ali Mouh N’ahmitouche avec la participation de Slimane Mouh ou Slimane. C’était l’étincelle pour ce rasage. Il ne faudra pas oublier qu’après cette destruction, nombreuses sont les femmes qui ont été torturées au camp de Taourirt et à Maâtkas», a-t-il dit. Avant de cloturere cette journée une grande «waâda» a été organisée en fin de journée marquée par un gala artistique animé par Ahcene Ath Zaim, Said Ouali et des chanteurs locaux. Avant de quitter ce village martyr, M. Mechrek en sa qualité de président nous a fait savoir que leur association réalisera d’autres projets. «La Maison des jeunes lancée par les villageois avance vite. On pense beaucoup à cette jeunesse. C’est ce qu’il ya de plus cher chez nous. Nous avons une bibliothèque d’environ 600 ouvrages. Les étudiants et les diplômés du village donnent des cours de soutien aux élèves de 6e jusqu’à la terminale. «Comme on a l’habitude ainsi de récompenser les meilleurs élèves», nous a-t-il déclaré. Il ya lieu aussi de dire que ce village a réalisé deux conduites d’AEP à l’intérieur d’Ath Maâmar. De belles initiatives ne sont qu’à encourager car la population peut se prendre en charge tant que la solidarité existe. Ath Maâmar, village martyr d’hier, village héroïque d’aujourd’hui, grâce au dévouement de ses enfants qui jurent d’honorer leurs aînés.

Amar Ouramdane

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