Après la grippe aviaire et la psychose qui s’est emparée des éleveurs de poulets, c’est au tour de la blue tongue de semer la panique chez la plupart des éleveurs de la wilaya. Mardi dernier, jour de marché hebdomadaire à Ain El Hammam, le marché aux bestiaux était plein comme un œuf. De nombreux vendeurs sont pourtant retournés chez eux sans avoir vendu leurs bêtes car personne n’en voulait. Les éleveurs, les maquignons ou de simples paysans ne possédant que quelque bêtes, se sont retrouvés là à proposer leurs animaux à la vente. La loi du marché est inexorable : lorsque l’offre est de loin supérieure à la demande, les prix s’en ressentent et descendent en chute libre. “Pour un mouton qui m’aurait rapporté 25 000 DA il y a quelques jours, on me propose de l’acheter pour seulement 10 000 dinars”, avoue un éleveur indécis. Il ne sait s’il faut céder ou retourner bredouille à la maison. La plupart des présents, au marché, sont des vendeurs. Les éventuels acheteurs, très rares d’ailleurs, sont des gens voulant acquérir un mouton pour la fête. Les gens n’achètent plus, ce qui se répercute sur les coûts. La panique s’empare donc de tous ceux dont le travail est lié à l’élevage. Ils savent que si la blue tongue venait à toucher leurs étables, ils ne pourraient rien faire d’autre que d’enfouir les cadavres de leurs bêtes, un par un. Les informations qui leurs parviennent des villages environnants n’augurent rien de bon, en ce sens que le mal avance à grands pas et que les carcasses d’animaux ne se comptent plus. Les propriétaires veulent à tout prix se débarrasser de leurs cheptels, que ce soient des bovins, des ovins ou des caprins. Plus personne ne veut garder ses bêtes et prendre ainsi le risque de les perdre. Comme le dit un particulier à qui nous avons posé la question sur le prix de vente de sa bête très en deçà de sa valeur réelle : “Il vaut mieux récupérer le prix d’achat que de risquer de tout perdre”. Le comble de la situation est que ceux qui vivent de l’élevage sont désemparés et livrés à eux-mêmes. Personne ne peut les rassurer que ce soit sur l’évolution du mal ou sur une quelconque aide des pouvoirs publics. “radio-trottoir” diffuse toutes sortes d’informations sur le nombre effarant de moutons morts dans certaines communes de la région, ce qui est loin de les rassurer.
Nacer B.
