La rentrée universitaire sérieusement compromise

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La rentrée universitaire 2006-2007 préparée en grande pompe par les responsables de l’enseignement supérieur et annoncée comme l’une des meilleures en matière d’encadrement, d’infrastructures pédagogiques et de nombre record d’étudiants et de nouveaux bacheliers attendus, risque d’être une année pleine de perturbations et la menace de grève enclenchée depuis le mois de mai dernier est toujours d’actualité.

Si d’un côté, le ministère s’est fixé comme priorité l’amélioration du cadre pédagogique et des conditions d’hébergement, de restauration et de transport des étudiants avec même une possibilité de revalorisation de la bourse, d’un autre, son « entêtement » à maintenir les poursuites judiciaires contre les enseignants grévistes risque de compromettre l’avenir de pas de moins de 200 000 étudiants dans les 19 établissements en grève et des 217 000 nouveaux bacheliers.

En effet, le ministre de l’Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, avait annoncé lors de la clôture de l’année universitaire 2005-2006 qu’à la rentrée, 27 000 enseignants universitaires, toutes catégories confondues, assureront les cours.

Un chiffre qui sera revu à la hausse pour être doublé à la rentrée universitaire 2008-2009. Des mesures incitatives sont prises en faveur de ces enseignants à travers leur encouragement à suivre des études de post-graduation et des assistants à accélérer la soutenance de leurs thèses en mettant à leur disposition près de 520 bourses d’étude annuellement ainsi que la création d’écoles doctorales dans plusieurs spécialités prioritaires.

Quant à l’effectif étudiant, plus de 747 000 étudiants se sont inscrits pour la rentrée universitaire 2006-2007, soit une croissance de 14% alors que le nombre de diplômés en fin de cycle est de l’ordre de 110 000.

Un nombre important que les responsables, qui ont fait savoir que 37 000 nouveaux lits, 24 restaurants, 83 000 places pédagogiques et 21 bibliothèques seront en service dès septembre, estiment maîtriser.

Toutefois, tous ces apports s’avèrent inutiles devant la détermination de la tutelle à poursuivre en justice les représentants coordinateurs de l’Ouest et du Centre, Mustapha Mechab et Farid Cherbal, toujours sous le coup des poursuites judiciaires, le délégué de Béjaia Mohand Saddek Akrour qui subit le harcèlement judiciaire alors que leur collègue Khaled Bessila de Constantine est encore sous le contrôle et les poursuites judiciaires et « l’entêtement » de ces derniers à poursuivre le mouvement de grève.

Au moment où l’aile dialoguiste du CNES de Ali Boukaroura tient depuis hier son université d’été à Sidi Fredj, une rencontre que les enseignantes et les enseignants en grève de la coordination nationale réprouvent, cette section appelle la corporation à la reprise de la grève et sollicite l’ensemble des enseignants pour rejoindre le mouvement de contestation afin d’en faire un moment fort de solidarité et d’unité dans le combat pour la satisfaction de ses revendications, essentiellement la levée des poursuites judiciaires.

La Coordination nationale, « soucieuse de débloquer cette situation », prévoit une rencontre le 7 septembre en cours et demande à être reçue par le chef du gouvernement pour trouver une issue salutaire à cette crise qui secoue de plein fouet l’université.

D’ici là, aucune lueur d’espoir ne filtre de la part du ministère de l’Enseignement supérieur qui campe sur sa position en avançant à chaque fois qu’il ne fait que respecter la loi en veillant au strict respect des décisions de justice.

Face à cela, une véritable scission s’est installée au sein du CNES, entre la section de Boukaroura qui se qualifie de « légaliste » en abdiquant à l’application de la réglementation en vigueur, et la section des grévistes qui sont plus que jamais déterminés à mener leur combat jusqu’au bout.

L’étudiant demeure la seule victime de ce conflit « qui ne le concerne pas » et toutes les parties prenantes doivent faire preuve de raison et de maturité pour débloquer définitivement la situation.

H.Hayet

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