Les confessions de Jean-Yves Chay

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La DDK : D’abord, quel est votre sentiment après l’annonce de la résiliation de votre contrat par le président de la JSK ? ll Jean-Yves Chay : J’ai pris acte de la décision. Elle est dure, mais que voulez-vous que je fasse d’autre. Justement, les supporters veulent savoir ce que vous comptez faire ? ll Bien entendu, je ne vais pas rester les bras croisés. Je vais entreprendre par la voie légale toutes les procédures pour faire valoir mes droits. C’est une démarche normale et logique et j’ai bon espoir que j’obtiendrai mes droits. Je ne doute pas un seul instant que cela ne puisse pas se faire car je sais que je n’ai pas fauté. Je vous informe qu’à aucun moment je n’ai transgressé les termes du contrat, qui me liait au club. Je suis quelqu’un de très respectueux des textes. Vous avez quitté le club en 2003 pour des raisons que chacun connaissait et vous revenez en 2005, qu’elle était cette motivation qui vous a poussé à reprendre de nouveau la barre technique de la JSK ? ll J’avais accepté effectivement de revenir, car j’ai retrouvé mes deux amis et complices si l’on peut dire ainsi, Hamid et Hakim (Sadmi et Medane ndlr) avec lesquels j’ai fait du bon boulot lors de mon premier passage à la JSK en 2003. Malgré les difficultés inhérentes à la section football, on avait fait ensemble un travail professionnel qui avait apporté ses fruits avec à la clé cette coupe de la CAF. Cela dit, à mon retour l’année dernière, j’avais trouvé ces deux personnes que j’ai citées à mes côtés avec aussi un groupe de joueurs très sérieux et avide d’apprendre. Tous ensemble, on avait alors, réussi une saison historique avec ce titre de champions et la qualification aux poules de la Ligue des champions. On a remarqué que Medane et Sadmi n’ont pas affiché publiquement leur soutien à votre égard, alors que tout le monde sait que ce sont eux qui sont derrière votre retour au club ?ll Medane et Sadmi sont de vrais amis pour moi en plus ce sont des professionnels qui ont toujours fait leur travail comme il se doit au club. Maintenant concernant votre question, je vous réponds que jamais il n’y a eu rupture entre nous. Ils se soucient de ma santé et de mon avenir et ils m’appellent régulièrement. Il faut que les gens sachent que Hamid a lui aussi subi des attaques de la part du président au moment où il avait besoin de soutien et de repos puisqu’il avait des soucis personnels à régler. Il paraît que vous aviez émis le vœu de renforcer l’équipe au mercato en prévision des éliminatoires de la Ligue des champions ? ll Evidemment que oui. La Ligue des champions était un challenge d’un autre calibre pour lequel il fallait se renforcer afin d’espérer tenir tête aux meilleures équipes du continent, qui sont en avance par rapport à nous. A ce titre, j’avais réclamé le recrutement de deux attaquants de métier mais on m’avait répliqué que ce n’était pas possible en raison de la situation financière du club. Donc, j’avais été contraint de travailler avec les joueurs que j’avais sous la main. Mais je tiens à le dire : à aucun moment cette Ligue des champions n’a été fixée comme objectif. Etiez-vous associé aux recrutements du club à l’inter-saisons ?ll J’avais réclamé le renforcement de la ligne offensive. J’avais fixé les priorités tout en prenant en considération la situation financière du club. J’ai souhaité garder Hamid Berguiga et le recrutement d’un attaquant comme Dabo. Pour Hamid, cela n’a pas été fait et je ne sais pas pourquoi. Il est toujours utile de signaler qu’à partir de là, la Ligue des champions n’était toujours pas un objectif pour nous. C’était beaucoup plus une participation qui permettrait à nos jeunes joueurs de se frotter aux meilleurs du continent et d’acquérir une certaine expérience. Mais on dit aussi que vous êtes derrière le départ de Raho …ll Absolument pas. Ecoutez, la saison passée j’ai fait jouer Raho à chaque fois que cela était possible et lorsque les besoins se faisaient ressentir. Slimane souffrait de blessure et il me fallait prendre ça en considération. Maintenant, à la fin de la saison, ce joueur a trouvé une meilleure proposition et il était normal qu’il fasse le bon choix.Vous savez, je ne me suis jamais laissé intimider par les déclarations à la presse insinuant à m’imposer une autre méthode en ce qui concerne mes choix tactiques. Je suis un homme qui ne badine pas avec les principes. Je suis l’entraîneur en chef et c’est à moi seul que revient la mission de faire les choix qui me semblent être les meilleurs. Cette manière de faire n’a pas été du goût évidemment de certains qui voulaient monter en pièces des scénarios pour susciter la confusion. On vous reproche aussi une mauvaise préparation de l’équipe sur le plan physique…ll Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Une chose est sûre : en réalité, l’équipe s’est très bien préparée. En dépit du fait que les joueurs n’ont eu que trois semaines de repos après une saison harassante, grâce aux deux stages effectués à Tikjda et à Anzère où toutes les conditions étaient réunies, l’équipe s’est refaite une bonne santé et les joueurs ont retrouvé leurs forces. La meilleure preuve est le résultat obtenu lors du premier match de la Ligue des champions conte Asante Kotoko. Ensuite, on était contraints par les déplacements et les va-et-vient incessants entre Alger et Tizi Ouzou et cela n’était pas fait pour mettre à chaque fois les joueurs dans des conditions idéales de remise à niveau. Je pense qu’il est absurde de parler de mauvaise préparation lorsqu’on est absent à ces deux stages de l’équipe. Mettre en exergue une soi-disant mauvaise préparation est un procès d’intention sans plus. Les deux défaites concédées face au Ahly et au CS Sfax ont quelque peu accentué la situation déjà assez fragile entre vous et le président. C’est un peu la goutte qui a fait déborder le vase…ll Vous savez, les deux défaites ne devraient étonner personne. On a eu affaire à deux grandes équipes et ce n’est pas un drame de perdre un match devant plus fort que soi. Nous, on a une équipe jeune qui s’est donnée à fond et qui est en phase d’apprentissage. Depuis mon départ en 2003, toutes les équipes africaines qu’on avait rencontrées se sont réorganisées et ont évolué dans le bon sens à tous les niveaux (stades, centres de formation, meilleures conditions de préparation, recrutements de joueurs de haut niveau..), par contre, j’ai constaté qu’à la JSK, je peux vous dire que j’ai trouvé les choses telles que je les avais laissées trois ans auparavant. J’ai toujours suggéré qu’on fasse faire évoluer les choses dans le sens où la JSK atteigne la stature d’un vrai club professionnel, hélas tout cela est tombé dans l’oreille d’un sourd. Il y a eu ensuite ce problème d’adjoint qui a fait couler beaucoup d’encre. Pouvez-vous enfin nous parler de ce sujet ? ll Ce problème d’adjoint reste toujours un grand mystère pour moi. Comment expliquer que deux mois avant, Moussa Saib a été présenté comme persona non grata au club par le président et qu’ensuite, ce même personnage le présente comme l’homme idéal pour me seconder. Allez-y comprendre quelque chose. Heureusement que Moussa a compris que ce n’était pas pour ses qualités qu’il l’avait choisi mais c’était pour d’autres desseins. C’est la raison pour laquelle il a refusé de marcher dans cette combine qui n’était en fait que celle de l’utiliser contre ma personne sans plus. Cette situation que le président a provoquée a été préjudiciable pour l’équipe. Moi justement je ne voulais pas m’aventurer à répondre pour ne pas enliser davantage la situation du groupe qu’il a rendue difficile par ses déclarations contradictoires. Ne pensez-vous pas que votre silence a encouragé le président à procéder à votre licenciement ? ll Peut-être que oui. Mais si j’ai observé le silence c’était juste pour ne pas perturber davantage le groupe. En plus, je ne vous cache pas que je n’arrive toujours pas à comprendre les motivations du président. Comment expliquer cet acharnement vis-a-vis d’un entraîneur qui a fait son travail en professionnel en arrachant en 2003 la coupe de la CAF et le titre de champion avec une qualification historique au poules de la Ligue des champions la saison dernière ? Allez-y comprendre vraiment ses motivations alors que quelques mois auparavant il était allé jusqu’à proposer mes services pour driver l’équipe nationale algérienne. Je laisse les supporters et les connaisseurs du football tirer la meilleure conclusion concernant cette question.. Malgré votre licenciement, les supporters continuent à vous soutenir, que leur diriez-vous ? ll Vous savez, le soutien et les messages que je reçois au quotidien me vont droit au cœur. Tout cela me conforte à surpasser ces moments difficiles que je traverse. J’apprécie beaucoup l’attitude de ces supporters à mon égard. Une attitude des Kabyles qui les honore et qui honore ce grand club, qui est la JSK. J’ai tissé des amitiés et des relations avec bon nombre de proches du club, parmi eux des fans et ce n’est pas les derniers événements créés de toutes pièces pour un objectif inavoué qui vont remettre quoi que ce soit en cause. Je reste très attaché à ce club et surtout à tous les supporters kabyles. Avez-vous autre chose à ajouter pour conclure cet entretien ? ll Je voudrais dire tout simplement que s’il y a une chose à retenir de mon passage à la JSK, c’est celle qui m’a permis de découvrir des hommes, une région et un pays avec une culture qui m’ont beaucoup enrichi. Avant de conclure, je voudrais bien revenir sur une question que je n’ai jamais soulevé en public jusque-là. Il s’agit des deux défaites concédées l’année dernière à domicile contre le CRB et l’ASO. Je vous confie que ces défaites sont dues beaucoup plus à des promesses non tenues du président à l’égard des joueurs concernant la régularisation de leur situation financière. C’est cette raison qui a fait que les joueurs étaient complètement déstabilisés et n’avaient pas du tout la tête à jouer au football, et quand la tête ne répond pas, on ne peut demander à ces joueurs de faire quelque chose sur le terrain.

Entretien réalisé par S.Klari

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