Et cette année, les incendies, présents tout de même, n’ont pas été aussi ravageurs et destructeurs que de coutume. Faut-il rappeler que depuis deux décennies au moins, la région n’a pas connu une seule année de répit avec comme point d’orgue la terrible année 1995 où Béjaïa a longtemps été menacée par une ceinture de feux qui a établi un siège en bonne et due forme de la cité. Quant aux causes, laissons le temps aux passions et aux non-dits de s’estomper quelque peu de la mémoire collective pour lancer anathèmes et justificatifs. Il est aisé, une fois vécu et savouré les délices d’une nuit méditerranéenne de partager avec l’aide pris dans les rêts d’une Muse, langueur, joie de vivre, envie d’éternité. Qu’il a raison le poète de souhaiter que la nuit ne s’achève jamais maudissant “in petto” Râ qui va bientôt apparaître conduisant le char solaire dans une course immuable, toujours renouvelée. L’exceptionnelle douceur de ce mois réputé pour être le plus chaud de l’année n’est pas sans effet pervers sur la nature, les hommes et leurs comportements. La mer, caressée plutôt qu’agressée par une brise à peine perceptible, a rarement été belle et les plages, cet été, ont la plupart du temps revêtus leurs habits rouges. Résultats des désertions massives, ajoutant un peu plus à la détresse de ceux qui vivent des retombées immédiates, directes de la saison estivale. Un malheur, comme le dit l’adage, n’arrive jamais seul. Déjà que la saison a été laborieuse, doux euphémisme pour ne pas dire franchement mauvaise…Autant dire que Béjaïa n’a pas connu son animation et sa foule habituelle. Moins de monde signifie pour les commerçants moins d’affaires. Pas si vrai que cela pourtant ! Un phénomène récent vient de faire son apparition : nos émigrés se sont substitués aux locaux, affichant une fringale jamais égalée pour les achats. Il paraît que c’est moins cher ici que là-bas !Electroménager, détergents, produits alimentaires… Décidément, ce bas monde est bien versatile et ce qui a cours aujourd’hui passe de mode aussi rapidement qu’il a pris naissance. Il a juste suffi que l’euro baisse pour que les ex-métallos et mineurs qui ont bâti des châteaux, des vrais, dans leurs villages, profitant grassement des années sombres du dinar, crient au scandale, éreintant pouvoirs publics et élus commerçants et même “cambistes”. Un Cambiste tout virtuel ! Ils jurent par tous leurs saints qu’ils ne remettront plus les pieds au bled. Ironiquement, tout en riant aux éclats, partant d’un tonitruant : “A l’année prochaine”… Même leur progéniture s’est assagie et arbore un comportement à mille lieux de la suffisance, de la prétention outrancière affichées il y a peu. Profil bas là-bas. Seigneur ici, les signes ostentatoires de cette pseudo supériorité prenaient la forme de machines rutilantes et vrombissantes quand, motos, jet-ski, caisse d’enfer et 4×4 menés tambours battants, le tout servi par des décibels de musique débile. Plus rien de tout ça ! C’est un peu comme si la guerre des banlieues et la sauvagerie des nervis de Sarko leur ont servi de révélateurs. Quel que soit leur degré d’intégration, “ils sont nés beurs, ils demeurent beurs ! La sentence est sans appel, par conséquent passibles, à chaque incursion dans la rue du délit de faciès, de sale gueule et que leur seul bled, c’est ici, leur langage chantant, si loin de l’accent spécieux d’Auteuil qui s’est lui aussi mis au goût du jour. Là-bas, c’est chez les autres. Ici c’est le bled, Tamourt. Certains ont convolé en justes noces, s’enracinant davantage.Béjaïa a vécu au rythme des troupes folkloriques et autres fantasias. Le programme musical arrêté par l’APC et la suppression du festival de la chanson amazighe (juste une question : y a -t-il un lien entre l’un et l’autre) sont les deux évènements principaux à mettre à l’actif de l’APC, côté animation, qui nous a servi une indigestion, à travers ses communiqués, écrits et banderoles, du nom du P/APC. On n’est pas à Pyong Yang que l’on sache ! La flatterie ne sert ni son auteur, ni son destinataire. Elle confère tout au plus la grosse tête. El Djazaïr II, le ferry de l’ENTMV fait une entrée remarquée au port. Un peu du genre “le Queen Mary dans la rade de la grosse pomme ! “La période de reflux, de départ bat son plein. Gageons tout simplement qu’on ne va pas s’en tirer comme ça. L’été ne peut point partir en catimini sur la pointe des pieds. Il va sûrement nous réserver un beau baroud d’honneur, une journée bien hot. Puis, ce sera l’heure de la grande révérence. Quand ? That is the question.
Mustapha Ramdani