« Le Cri », le chef-d’oeuvre du peintre norvégien Edvard Munch, garde tout son mystère, la police restant vendredi totalement muette sur les circonstances qui ont permis de le retrouver deux ans après son vol en plein jour au musée d’Oslo. La plupart des questions sur la façon dont la police norvégienne a pu remettre la main jeudi sur « Le Cri » et « La Madone » restent sans réponse, mais la presse norvégienne évoque des tractations avec un chef de la pègre norvégienne. « Nous ne donnons aucune information sur les circonstances qui nous ont permis de retrouver » les tableaux, a déclaré vendredi à l’AFP un responsable de la police d’Oslo, Mortem Hojem Ervik. Il s’est contenté d’indiquer que les toiles du maître norvégien de l’Expressionnisme ont été récupérées en Norvège. « Nous pensons qu’elles sont toujours restées en Norvège », a-t-il précisé. Où les toiles se trouvaient-elles, pourquoi l’opération de police a-t-elle été déclenchée jeudi, la police avait-elle bénéficié de nouveaux renseignements, y a-t-il eu un marché conclu avec les auteurs du vol qui seraient en prison ou encore en liberté, une rançon payée? Réponse: un poli pas de commentaire. Les deux plus grands chefs-d’oeuvre de Munch, d’une valeur combinée proche de 100 millions de dollars (83 millions d’euros), avaient été dérobés en plein jour le 22 août 2004 au musée Munch d’Oslo par deux voleurs. Les tableaux sont de nouveau au musée, a précisé la police mais on ignore encore quand ils seront à nouveau présentés au public. Depuis longtemps, la presse norvégienne avait élaboré une théorie selon laquelle le vol spectaculaire des toiles visait à détourner l’attention de la police après un hold-up dans la banque Nokas à Stavanger (sud-ouest du pays) qui avait fait sensation en Norvège car un policier y avait été tué. Vendredi, des journaux norvégiens spéculaient sur un éventuel marché entre les autorités et un malfaiteur norvégien, actuellement sous les verrous et qui doit être jugé lundi en appel pour ce cambriolage de la Nokas. Ce caïd, David Toska, aurait révélé le lieu où étaient gardés les tableaux en échange de meilleurs conditions de détention, selon les médias. En première instance il avait été condamné à 19 ans de prison. Toujours selon la presse norvégienne, Toska aurait demandé à un autre malfaiteur, aujourd’hui mort, d’organiser le vol du Musée Munch pour contraindre la police à relâcher son enquête sur le hold-up en se concentrant sur la trace des célèbres tableaux. En 2005, une partie de l’argent du cambriolage de la banque avait été retrouvé au domicile de l’un des suspects dans l’affaire Munch. Selon le quotidien VG, la police avait rapidement remarqué des similitudes dans les deux affaires. « Le même type de gants spéciaux avait été utilisé dans les deux vols », indique le journal. Les tableaux sont à nouveau au musée qui après l’humiliation du vol a dépensé des millions de dollars pour renforcer la sécurité. « La Madone a subi quelques dommages, de petits trous sur la toile et des griffures, mais les responsables du musée ont bon espoir de restaurer parfaitement le tableau », a indiqué Ervik. « Le Cri » « n’a pratiquement pas souffert et est en très bonne condition », a ajouté le policier. Toutefois selon le quotidien norvégien Aftenposten, un coin du « Cri » serait un peu enfoncé comme s’il avait reçu un coup. Les experts avaient toujours estimé que ces chefs-d’oeuvre étaient trop connus pour être écoulés sur le marché de l’art. Les deux voleurs courent toujours mais des complices ont été arrêtés. En mai dernier, le tribunal d’Oslo avait condamné trois hommes à des peines de 4 à 8 ans de prison pour leur implication dans le vol du « Cri ».