Neveu de Omar et Mohamed Racim, il a appris tout jeune l’art de la miniature et de l’enluminure. Il était appelé à une carrière florissante dans ce domaine.Mais, rejetant la tradition qu’il admirait pourtant mais qu’il trouvait figée, cherchant à s’affirmer par une recherche plastique personnelle et nouvelle, il prendra la décision difficile de s’affirmer sans concession pour les goûts dominants comme pour lui.Il défend, entre philosophie et science, émotion et savoir, une peinture centrée sur la beauté et les sens cachés de la vie et de l’univers et soutenue par une réflexion permanente qu’il transpose parfois dans des textes sur sa pratique.Sa maîtrise de la couleur, à laquelle il reconnaît la filiation de magnificence de la miniature, s’intègre dans une démarche résolument moderne. Peintre abstrait, il ne se reconnaît aucune appartenance à un groupe, une tendance ou une mode et se plaît à se considérer comme disciple de la curiosité, du doute et de l’étonnement.Ali Ali-Khodja expose aujourd’hui à la Galerie 54 de la Citadelle d’Alger. Il s’agit sans doute d’un événement exceptionnel du fait de son talent, qui mérite la reconnaissance des siens au moins à hauteur de sa réputation à l’étranger, mais également de la rareté de ses expositions. Le fait que cette exposition se déroule là où vécut son aïeul, le dey Ali Khodja, constitue un autre symbole de la manifestation. Cet aïeul qui, en un règne très court, prit des décisions d’importance et notamment celle de faire de la Citadelle, le siège du gouvernement de la Régence d’Alger et celui de son fameux Trésor qui défraye a ce jour la chronique médiatique.Ali-Khodja, à travers cette exposition rétrospective, entend aussi honorer un homme d’histoire auquel il s’est toujours senti rattaché par des valeurs morales transmises par sa famille et non par quelque sentiment dynastique, le considérant avant tout comme propriété inaivise de la mémoire de tous les Algériens.Entre les alcôves, remparts et arcades de la Citadelle, aujourd’hui en réhabilitation, le souvenir du dey empreint des images de la Cité au début du XIXe siècle, viendra sans doute à son tour visiter les créations de son descendant lesquelles, pour être contemporaines n’en portent pas moins toute la grâce et la somptuosité des anciennes traditions artistiques.
C. P.
