La Dépêche de Kabylie : Tu viens de sortir deux romans : l’un Alger, l’autre à Paris. Peux-tu nous en parler ? l En effet, deux romans à paraître, l’un chez Barzakh-éditions, l’autre à Paris-Méditerrannée. Le premier, institulé Le chien de Titanic, revient sur les émeutes kabyles de l’année 2001, et le second, Une terre bénie de Dieu, relate les premières années de la guerre civile dans un village kabyle, ces fameuses années où le pouvoir tentait par tous les moyens d’entraîner les villageois dans sa fumeuse lutte antiterroriste.Dans Le chien de Titanic, je fais revivre l’héroïsme de tous ces jeunes qui ont cru, par la force de pierres, changer quelque chose dans notre pays. Ce texte a été inspiré par le désir de fixer ce moment de candeur populaire, de foi retrouvée et d’espoir.Espoir depuis déçu, sinon trahi, non pas par le pouvoir, mais aussi par ceux qui ont émergé sur la scène politique à la faveur de ces émeutes et qui, eux, ont atteint leur but: celui d’être admis par le pouvoir comme des « clients à sa table ». Les émeutiers, eux, sont toujours là où ils étaient.
La Kabylie est souvent présente dans tes écrits. Quel rapport entretiens-tu avec cette région d’Algérie?l Un rapport charnel, comme tout un chacun avec sa région natale, mais je ne suis pas de ceux quipensent que la Kabylie est le nombril de l’Algérie.Il y a une certaine arrogance kabyle qui me gêne beaucoup. Souvent, ceux qui parlent au nom de la Kabylie la méconnaissent d’une manière lamentable.
Est-ce que Paris inflence désormais tes écritures?l Certainement. Ecrire en effet dans la ville mêmeoù tant d’auteurs ont vécu et écrit, ce n’est pas pareil que de gribouiller dans son coin, dans unvillage perdu, comme cela a été mon cas pendant de nombreuses années. Cependant, pour l’inspiration, c’est chez nous qu’elle abonde. Dans nos villages, tout m’inspirait. D’ailleurs je n’écris que sur « là-bas », comme pour compenser l’éloignement. Le recul me permet de regarder les nôtres avec une certaine objectivité. Paris m’inspirera davantage quand, si Dieu le veut, je serai de retour chez moi. Là aussi, avoir du recul est nécessaire pour raconter mes années « parisiennes ». Quels sont tes projets littéraires?l Retravailler les textes finis, commencer d’autres. La routine dans la vie d’un auteur, ou de quelqu’un qui prétend en être un. Il ne suffit pas de publier et encore moins de gribouiller pour mériter d’être appelé « auteur ».
Propos recueillis par Farid Ait Mansour
