La vérité historique mise à nu

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L’historien Jean-Louis Planche revient dans cet essai publié fin 2006 aux éditions Chihab sur les tragiques événements du 8 Mai 1945, qui marquent une intrusion dans la mondialisation de l’histoire. Cette date signe, en effet, la fin de la Seconde Guerre mondiale à laquelle ont participé des centaines de milliers d’Algériens. Dans ce combat pour la liberté des autres, ils ont désappris l’aliénation du tête-à-tête lancinant avec l’oppression coloniale. Dans les cortèges qui sillonnent les villes algériennes, le drapeau national est brandi aux côtés de ceux des nations alliées contre le nazisme. Le peuple algérien sait désormais que son sort ne se décide plus seulement à Paris. Le système colonial est ébranlé dans ses fondements symboliques. Le pouvoir colonial va masser sa force de frappe contre l’épicentre du mouvement : les zones de Sétif, Kherrata et Guelma.

Jean Louis Planche tente d’apporter sa contribution à la connaissance de la vérité historique et porte sa contradiction sur le bilan des victimes de ces massacres : Plus de 30 000 morts selon l’auteur, alors que le pouvoir français n’en avait donné que le chiffre de 150 000 victimes. Réalisé sur la foi des archives civiles ouvertes et communiquées par le gouvernement français, l’auteur en arrive à conclure que les autorités françaises de l’époque (ministère de l’Intérieur, gouverneur, préfet…) non seulement étaient au courant du génocide mais n’avaient rien fait pour l’éviter ou le stopper.

Les chiffres avancés par J. L. Planche sont, par ailleurs, étayés par les témoignages de Périllier, ancien préfet d’Alger ainsi que celui de Alexandre Chaulet, syndicaliste proche de Mgr Duval, évêque de Constantine puis archevêque d’Alger qui révèle à l’historien Robert Aron le même chiffre de 30 000 morts.

J. L. Planche a aussi longuement évoqué dans son ouvrage les conditions socio-économiques et politiques qui avaient précédé les tragiques événements du 8 Mai 45. Il a insisté sur la famine qui régnait en Algérie, la crise économique et les privations dues à la guerre. Pour l’auteur, la maturité du mouvement national est le principal ressort de l’insurrection du 8 Mai 1945, quoi qu’elle ne peut être réductible à une seule date, même si elle reste symbolique ni à deux ou trois localités, même s’il s’agit de celles qui ont payé le plus lourd tribut.

Nacer Maouche

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