«Pourquoi j’ai répondu oui au FLN, D’une oasis algérienne à un jardin rochelais », est l’intitulé d’un livre publié au cours de cette année 2014, aux éditions françaises «Le croît vif», par Mohamed Khaldi, un militant de la Fédération de France du FLN. L’auteur, qui a fait paraître son opus à l’automne de sa vie, a rendu l’âme quelque temps après la publication de ses mémoires de guerre, la guerre d’Algérie s’entend. En compulsant les feuilles de ce livre, on est comme subjugué par la précision du propos et la franchise du narrateur suintant au fil de son témoignage. L’humilité et la pudeur sont, à l’évidence, le fil d’Ariane de Khaldi, pour témoigner d’une époque, tantôt prosaïque, tantôt cruelle. Depuis son enfance à Biskra jusqu’à son enrôlement au service de l’occupant allemand à la Rochelle, en passant par la misère noire endurée dans les rues lépreuses de la Casbah d’Alger et l’épisode du typhus du début des années 1940, l’auteur a fouiné dans le tréfonds de sa mémoire pour nous livrer un témoignage authentique et poignant sur la détresse endurée sous le joug colonial et restituer les principales étapes qui ont jalonné son parcours de combattant contre l’occupant. «J’ai vu des gens aller fouiner dans les ordures pour récupérer des épluchures de légumes et les faire cuire. Moi, je ne suis pas allé jusque-là mais j’ai quand même attrapé le chat de la cuisine et en ai vendu la moitié en le faisant passer pour un lapin. Je voulais m’acheter des cigarettes», rapporte-t-il. Plus loin, Mohamed Khaldi revient sur le début de l’année 1956, laquelle marque un tournant dans sa vie politique. Sa prise de conscience patriotique le pousse à investir le terrain de la lutte pour le recouvrement de l’indépendance. Il devient responsable de la Fédération de France pour le secteur de la Rochelle. En 1959, il fut arrêté et jeté en prison. Il ne s’avoue pas pour autant vaincu. A la tête d’un comité de détenus, il organise une kyrielle d’actions de protestation, dont une mémorable grève de la faim. «La grève de la faim est redoutable, ce n’est pas une grève active, c’est une grève de renonciation à l’existence. Celui qui n’a pas connu ça, ne peut pas se la représenter. Au fil du temps, on est tenté par faiblesse de rester allongé sur les paillasses, alors qu’il faut marcher sans quoi les intestins se nouent et une obscure douleur vous envahit. La langue n’obéit plus au cerveau, elle s’alourdit et devient encombrante dans la bouche. Après une semaine, une sensation étrange vous gagne et vous ne faites qu’entrer dans un état comateux et en sortir», écrit-il.
N.Maouche