Cette montée, non moins exceptionnelle en cette periode à grande consommation, devra influencer, négativement sur les indices des prix durant ce mois sacré. Les ménages, baromètre de l’économie par excellence, sont ainsi appelés à débourser plus dans le chapitre «cuisine» au détriment des autres biens de consommation tels les habits, éducation, santé et loisir. Il est vrai que les prix des fruits n’ont connu qu’une relative hausse pendant le mois précédent, ceux des légumes, sans exception, ont franchi le seuil des 150% d’augmentation tels le céleri qui a passé de 30 à 80 dinars/ kg, le chou-fleur qui se vend désormais à 70 dinars/kg contre 40 dinars/kg le mercredi et jeudi derniers. Mais c’est la pomme de terre qui devient inaccessible aux consommateurs puisque cédée, hier entre 45 et 50 dinars le kilogramme. Ce produit très prisé en somme, n’a cessé de creuser l’écart entre le prix pratiqué le mois passé (entre 20 et 28 dinars/kg) et celui appliqué depuis la semaine passée, puisque vendu à 30 à 35 dinars/kg. Les prix affichés, hier, sur ce produit sur les étales du marché de détail des fruits et légumes de la ville de Tizi-ouzou dénotent sur l’envol de la mercuriale qui n’est pas prête à fléchir. Cela est d’autant plus crédible eu égard au même prix appliqué sur de la pomme de terre de piètre qualité étalée dans ce même marché. Les détaillants que nous avons interrogés renvoient, à l’unanimité, la responsabilité de la flambée des prix des légumes aux mandataires et autres grossistes négociants au marché de gros. Ces derniers, pour leur part, s’en lavent les mains et renvoient la balle aux producteurs agricoles qui «profitent de la semaine d’avant et des premiers jours du mois de carême pour engranger le plus de bénéfices sur leurs produits». Si l’on tient compte des déclarations du bureau national de l’UGCAA (union générale des commerçants et artisans algériens), faites le mercredi dernier, sur les raisons de l’instabilité des prix de la pomme de terre, celle-ci deviendra complètement inaccessible aux ménages aux revenus modestes si toute fois, l’Etat n’intervient pas pour réguler et stabiliser le prix de ce légume à très large consommation, via une opération d’importation, ne serait-ce que temporaire, des quantités suffisantes pour alimenter le marché. Les petits commerçants en fruits et légumes ne cachent pas, par ailleurs, leur conviction sur l’existence de manœuvres spéculatives à large échelle sur l’ensemble des produits mais surtout sur la pomme de terre. «Les détaillants qui se sont approvisionnés avant l’aube ont eu la chance d’acheter moins cher que ceux qui débarquent au marché de gros dés 4 heures du matin», dira un jeune commerçant installé près du marché couvert de la ville des Genêts. Il avoue que la spéculation est réelle sur tous les légumes et fruits, puisqu’il précise que s’il est resté au marché de gros jusqu’au lever du jour, il cédera ce qu’il a acheté à des prix doublés voir triplés. Cet aveu dénote, on ne peut plus clair, sur l’existence des pratiques spéculatives que ce soit chez les producteurs ou chez les mandataires. La marchandise se fait de plus en plus rare dans les espaces de négoces en gros, a t-il tenu encore à signaler. Cette rareté, visible en somme via les quantités étalées par les revendeurs, s’est répercutée sur les prix des fruits mais surtout des légumes. «Nous n’allons pas nous rabattre sur les légumes secs ou sur des pattes, puisque même ceux-ci sont vendus au prix fort, mais nous devons juste s’approvisionner en quantités réduites», nous dira une femme qui est venue comme à son habitude faire ses emplettes dans ce marché. Dans ce marché, la carotte est cédée entre 35 et 50 dinars/kg, selon la qualité, le poivron est à 70 dinars le kilo contre 50 dinars avant-hier, la salade verte (la laitue) est affichée à 80 dinars/kg contre 50 à 60 dinars la veille. Mais se sont les haricots, légume préféré de tous, qui battent tous les records puisque cédés à 90 dinars le kilo contre 70 DA la veille. La tomate est vendue depuis près d’un mois 40 dinars/kg et elle n’est pas prête à connaître une flexion durant ces premiers jours du Ramadhan, mieux, les commerçants prévoient un prix allant jusqu’à 50 dinars le kilo pour ce légume. Même sort pour la courgette, cédée hier à 60 dinars/kg«A ces prix, nous ne pouvons jamais consommer frais durant ce mois de carême, il faudra au minimum deux salaires à 15 000 dinars/mois dans chaque foyer comprenant 5 personnes pour prétendre à s’offrir le luxe des légumes», a tenu à commenter une jeune dame rencontrée entre les stands du marché couvert. Elle signale qu’ «à ce rythme, il est vraiment illusoire de prétendre à quelques loisirs que ce soit pour ce Ramadhan».Quant aux fruits, leurs prix sont restés relativement stables, puisqu’ils n’ont connu qu’une faible hausse d’à peine 20%. Ainsi les raisins, malgré la forte production cette saison, sont cédés entre 60 et 70 dinars le kilo contre 50 à 55 dinars/kg la semaine passée, la pomme et la poire sont vendues au même prix que ceux du mois passé, soit à 70 dinars le kilo et la banane entre 80 et 85 dinars/kgPour ce qui est des viandes, seul le poulet continu de connaître des fluctuations instables puisque son prix s’est envolé à 245 dinars/kg, contre 210 dinars la semaine écoulée et 240 dinars la semaine d’avant. Les revendeurs de la viande blanche ne sont même pas en mesure de spéculer sur les affiches à venir pour ce produit. Les ménages s’en réjouiront, par contre, de la stabilité des prix des viandes rouges qui n’ont pas connu la moindre augmentation. Quoi que ça reste toujours hors portée quotidienne ou en ratio moyenne recommandée par les nutritionnistes de l’OMS, le veau est affiché à 580 dinars/kg et l’agneau, qui a connu une flexion de prix, est vendu hier à 680 dinars/kg. Quant à la viande importée congelée son prix est resté tel quel à 350 dinars/kg.
M.A.T
