Ce qui s’apparentait à un ouïe-dire, concernant d’importantes divergences politiques et volontés clairement affichées pour forcer le parti à des réformes et renouvellement du personnel politique se formalise en dynamique réelle. Le leader du RCD, Saïd Sadi, au fait de toute la conspiration qui se trame dans le parti, a pris ses devants pour anticiper et prendre des mesures cœrcitives contre des supposés rebelles et potentiellement menaçant sa stabilité sur le trône du parti. En effet, Mouloud Lounaouci au poste de responsable régional depuis presque deux ans, vient d’être remercié. Un acte pas totalement innocent mais plutôt, recelant des dessous politiques dès lors que le désormais ex-chef du bureau régional, a depuis longtemps engagé un bras-de-fer politique avec certains cadres du parti, fidèles et missionnaires du leader du RCD. Deux points assez forts et d’importances stratégiques, ont alimenté la discorde parmi les cadres du parti, la tenue du congrè qui accuse trois années de retard et la question nodale des élections législatives de 2007. On parle d’un travail de proximité exécuté par Mouloud Lounaouci à l’endroit des bureaux communaux restants et opérationnels du parti, pour les faire adhérer à sa feuille de route, qui consiste à faire pression sur Saïd Sadi et tenir dans les plus brefs délais, le congrès, plusieurs fois fixé mais toujours différé sans invoquer des motifs de taille. Le bruit a sérieusement courru à ce sujet dans deux courants politiques, l’aile Louanouci et celle de Saïd Sadi. L’objectif recherché, en insistant sur le respect des règles statutaires, qui exigent la tenue des congrès, tous les 3 à 4 ans, consiste à un rajeunissement des membres de la direction nationale mais aussi l’ambition légitime de briguer le poste de secrétaire général du parti que Saïd Sadi occupe depuis 1989 sans jamais connaître d’alternance, tant reprochée à Hocine Aït Ahmed du FFS et ce qui n’est guère le cas des partis du FLN et du RND dont les changements aux commandes ont été opérés plusieurs fois, démocrates dites-vous !C’est cette tendance à un séisme politico-organique du parti qui commençait à prendre forme de rébellion dont Mouloud Lounaouci piloterait l’opération, cela a fait réagir Saïd Sadi en le dégommant. La nomination du Dr Boudarène, en remplacement de Lounaouci au bureau régional rassure le leader du RCD. D’abord, l’affinité amicale de plusieurs années en sus du même profil professionnel, M. Boudarène n’est pas doté de la même carrière politique que celle de Lounaouci, en ce sens qu’il ne constitue nullement une menace politique. Intellectuel et psychiatre, sa nouvelle mission s’exécutera sans calculs insidieux et sournois, si ce n’est d’affirmer sa fidélité au leader, en évacuant tous risques qui déstabiliseraient le parti. Les élections législatives de 2007 commencent dès à présent, à miner le parti de Saïd Sadi, où des ambitions s’affichent et chacun s’affaire à s’imposer. Pour la wilaya de Tizi Ouzou, si la loi électorale restera telle qu’elle est, des informations donnent Saïd Sadi pour être tête de liste. Pendant que les Lounaouci, Ikherbane, Belabas, Saheb, Aït Hamouda et d’autres veulent coûte que coûte ne pas rater le train des législatives, la bataille dans le parti sera très rude et tous les coups sont permis.En tout état de cause, le RCD qui jusqu’à présent arrive à contenir sa crise, s’achemine dans les prochains mois à livrer tous les secrets de sa déconfiture interne. La spirale de l’agitation et de la contestation qui ronge le FFS, touche aussi le RCD. Les deux partis enregistrent des attaques de l’intérieur de la structure, avec l’évidence d’y laisser des plumes.
Khaled Zahem