A vos marques !

Partager

l A une demi-heure de l’Adhan, la table des Dezdeg est fin prête à être prise d’assaut. Tout ce que le marché de la veille avait proposé semble y être déposé. Lhasun, il y a de quoi nourrir les conclavistes de l’interwilayas pour trois semaines.Le vieux Rezqi est déjà installé. Lui, il n’a d’yeux que pour son plat n umeqful généreusement badigeonné à l’huile kabyle importée d’Australie. Sa main droite, enfoncée dans sa poche, caresse sa boite n cemma n nghid. “Biche, ma biche…”, donne-t-il l’impression de lui fredonner.Chabane, le postier, est installé plus loin. Il prépare son attirail : pipe, tabac, briquet. Un rituel qui revient chaque année. Chabane aime la pipe./ Mais seulement au mois de Ramadhan. Sinon, le reste de l’année, il roule son tabac. Il est bizarre le dissident du FFCD. Il ne fait jamais rien comme tout le monde. Tenez, par exemple pour le S’hour, il se contente d’un chewing-gum à la menthe. En forme, Mamou l’évangéliste, et histoire de taquiner la foi affamée du reste de la famille prie : “A Sidi Rebbi barek, lqut-a (Dieu, bénissez cette nourriture) !”Lamine n’est pas à la maison. Il ne rentre qu’après la prière. Comme les deux Ramadhan passés (Lamine n’est devenu très musulman que depuis peu), il ne rejoindra la table garnie d’essentiel et de superflu qu’au moment où le vieux Rezqi sort sa boite n cemma n nghid et le postier bourre sa pipe. Cela dit, il mettre beaucoup plus de temps que les autres à table. De toute façon, ur ihebes ara tawafza alama d shur.La mère Sekkoura sort la dernière tamtunt du tadjin, et jette un dernier coup d’œil sur la table. Elle est plutôt fière d’avoir réussi le premier f’tour.Mima est comme non concernée par la table. Elle tripote son portable, sourit et envoie ce SMS : “Slt. Saha f’tourek âemri ! Tu me mank. Je te biperai pour te dire saha s’hourek”.

T. Ould Amar

Partager