Aziz le magicien, ou le rêve sorti d’un tour de passe passe

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Il s’agit de Aziz Abderrahim, ingénieur et ex-chef d’entreprise, ayant aussi suivi, en parallèle, la voie de la magie blanche, dès son jeune âge. Et il a eu bien raison, encore que c’est exactement l’art de la magie qui l’a fait sortir de l’ordinaire. Et comme il le dit lui-même, la magie blanche destinée au spectacle, est en somme l’art de tromper ses semblables, sans toutefois en avoir l’air, et ce dans le seul but de les amuser, et à l’instar des disciplines sportives, il existe des professionnels, tout comme il y a des amateurs. Et en sa qualité de militant de langue date de la cause amazighe, il avait fait connaissance avec le chantre de la démocratie et de l’amazighité, Matoub Lounès. Il est aujourd’hui président de la fondation M-L pour la région de Sidi Aïch, en anecdote agrémentant notre entretien, Aziz le magicien a raconté qu’ayant, un jour, présenté un tour de magie à Lounès, qui était alors à ses début dans la chanson, celui-ci a rigolé avant de dire : “Ça,… c’est ce qui manque en Kabylie”. Et depuis, c’est l’aventure de la magie, avec ses diverses opérations toutes aussi fascinantes, en tant qu’art de spectacle ayant pour but de distraire, faire replonger dans les rêves merveilleux de l’enfance, à travers l’insondable imagination qui ne demande qu’à être provoquée. A vrai dire, la pratique de la magie de spectacle ne se suffit pas uniquement de la rapidité des gestes, comme l’agilité des doigts et l’habileté, mais requiert aussi certaines connaissance dans le domaine scientifique, et ce pour avoir l’aptitude de pouvoir utiliser avec aisance le matériel choisi comme support et maîtriser, entre autres, les phénomènes de l’optique, propres à produire l’illusion voulue parmi l’assistance, voire inventer soi-même les tours de magie et les supports dont il faudra faire usage, sur ce dernier point, sa formation et métier d’ingénieur l’ont sans doute beaucoup aidé.

Mais ça ne marche pas toujours comme sur des roulettes, car il y a quand même pas mal d’obstacles avant d’acquérir une baguette magique, il faudra en premier lieu qu’une connaissance l’incite à partir au Canada, par exemple. Et Aziz le magicien de soutenir qu’étant donné son âge, la famille qu’il a surtout à sa charge, il ne pouvait se permettre le luxe d’aller à l’étranger à la recherche d’un matériel pour magie, de plus très onéreux. Ce qui laisse comprendre que de façon générale, les conditions sociales et la situation ambiante engendrée par tout ce qui fait la société déterminent les moyens dont peut disposer un artiste et influe sur l’exploitation de son potentiel. Mais être artiste c’est aussi savoir trouver une issue en pleines difficultés, pour mériter ce titre en gardant la tête au dessus de la mêlée trop occupée par les problèmes existentiels en tout genre. Et au même registre, il est à rappeler qu’en février dernier, Aziz le magicien a été dans ce même journal, à travers la plume d’un collègue, et si par magie, le voilà revenu en ce jour, c’est justement parce qu’il y a du nouveau. En effet, au moment de notre bref entretien, Aziz le magicien s’apprête à regagner la capitale du Djurdjura, Tizi Ouzou, pour l’animation de soirées ramadhanesques dans diverses salles de fêtes. Nouveauté, l’artiste en magie avoue avoir en tête le projet de réaliser un vidéodisque dont le contenu sera un spectacle de magie devant le public (en live), et pour ce faire, il dit qu’il compte beaucoup sur le professionnalisme de l’équipe qui va l’aider pour la sortie de son produit, et sur la même lancée il soutient que suite à la question qui revient tel un leitmotiv dans la bouche des enfants, lesquels l’interrogent souvent au cours des spectacles : “Comment devenir magicien ?”, il a fini par mûrir l’idée de concocter un livre où seront dévoilés, avec le recours aux photos, une cinquantaine de tours de magie. Ce qui est la meilleure façon de vulgariser l’art mystérieux de la magie, et sans doute susciter des émules parmi les jeunes. Et à ce propos, Aziz le magicien espère trouver un bon éditeur. D’ici là, nous sommes sûrs de revenir avec une dissertation beaucoup plus affûtée sur notre sujet. Pour le moment, nous croisons les doigts et nous attendons, le vidéodisque et le livre promis.

Nadour Youcef

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