Une voix chaude et prometteuse

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Son nom est Mouloud Oualbani, il est né à M’chedallah en 1974, son entrée dans le monde de la chanson n’a pas tardé à faire de lui un enfant adulé par les jeunes de son âge et même par les autres tranches d’âges qui voient en lui le chantre de l’amour et des principes ancestraux ayant depuis toujours présidé à la régulation des rapports dans notre société batis sur les notions de nif d Iherma ghlayen. Suivant le chemin de ses aînés, Mouloud Oualbani n’a pas manqué d’ajouter sa touche artistique au style folklorique kabyle qu’il fredonnait depuis ses tendres années de jeunesse où il a su suivre le chemin tracé par ses idoles, à l’exemple de Cherif Kheddam, Slimane Azem, Zerrouki Allaoua et Taleb Rabah qu’il vénère lui-même car étant les maîtres incontestés du genre kabyle. De là vient son attachement à un certain classicisme particulier qui le mène sur les chemins escarpés de l’art du mot, de la sensualité du verbe.

Ses deux albums édités pour le premier en 2000 et pour le second en 2006, se ressemblent étrangement sauf que son deuxième produit renferme une nouvelle touche de technicité qui se résume dans de nouveaux instruments introduits pour lui donner plus d’éclat garantissant une sortie fracassante qui n’a pas manqué d’être couronnée de réussite.

Avec une simplicité légendaire, notre amoureux des valeurs morales ancestrales nous reçoit avec générosité et répond à nos questions avec autant de modestie que de timidité qui semblent se lire sur les traits tirés de son visage de jeune marqué par la situation qu’il vit à l’instar de tous les jeunes de son pays. Il ne manque pas d’ailleurs de chanter cette souffrance foudroyante, pour reprendre ses termes. Pour répondre à notre question sur les motivations l’ayant conduit à emprunter la voie de la chanson comme moyen d’expression pour lui qui est une poète hors pair, il dira “c’est la vie qui ma dicté cela, et je crois qu’on n’a pas toujours le choix de prendre un tel chemin pour en abandonner un tel autre” pour dire encore à propos du genre musical qu’il chante “la chanson Kabyle est riche d’autant qu’elle offre une variété incommensurable des points de vue thématiques que musicaux” quant à notre question sur le fait qu’il n’ait pas été tenté par le spécial fête qui, ces dernière années, semble devenir à la mode, Mouloud répond sans ambiguïté “loin de remettre en cause le travail de X ou de y je crois que la chanson kabyle accuse une régression avec ce genre de chanson.

Pour certain, le spécial fête est un fonds de commerce qui rapporte beaucoup de dividendes, ce qui n’est pas ma prétention. Je chante pour calmer mes douleurs qui sont celles de mes concitoyens. Il y a mille et une façons de semer la joie, à condition de respecter le sens qu’on accorde à notre œuvre et de ne pas tomber dans les redondances stériles qui, malheureusement, caractérisent la majorité des œuvres destinées aux fêtes. Les reprises ont, en fait, un goût de réchauffé”. Sur un autre volet, notre artiste regrette le manque de considération accordé à l’art en général et à la chanson en particulier. Le manque d’activité et autres occasions pouvant permettre aux artistes de s’exprimer représente, selon lui, le talon d’Achille de la chanson kabyle qui ne sort pas des tréfonds de sa léthargie.

L’absence d’une critique objective de la part de spécialistes en la matière est en soi un autre mal qui enfonce encore cette chanson livrée aux commerçants qui se greffent à ce domaine, décidément, générateur de grandes recettes.

C’est donc tout cela qui laisse cet artiste à l’écart, lui qui se refuse de vendre sa pensée et ses convictions. Cependant, il dira que “cela ne signifie pas qu’on doit perdre espoir en l’avenir qui doit forcément être prometteur d’autant qu’on a un public très attentif et sensible au changement qui ne cesse de se faire ressentir”.

Enfin, et en dépit de toutes les difficultés qu’il surmonte, le chantre de l’espoir qu’est Mouloud Oualbani, nous promet d’autres œuvres qui seront incessamment disponibles sur le marché. Quant à ses anciens produits, ils sont actuellement disponibles en format cassette et CD.

Cela dit il est vraiment conseillé de les écouler pour se faire une idée de ce jeune qui cultive l’espoir avec une chanson, qui ne laisse rien au hasard à travers une thématique riche et des vers bien soignés dans le moule de musiques bien de chez-nous.

Lyazid Khaber

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