Joal-Fadiouth, commune qui a vu naître Léopold Sédar Senghor il y a 100 ans, a célébré lundi le poète-président sénégalais lors de cérémonies très confidentielles, marquées par l’absence des plus hautes autorités du pays.
Seuls quelques notables locaux et le député-maire communiste de Vénissieux (France) André Gerin étaient présents au début des célébrations dans la cour de la maison familiale des Senghor. La ville de Vénissieux est jumelée avec Joal, cité de pêcheurs à une centaine de kilomètres au sud de Dakar.
Les personnalités ont ensuite gagné la localité voisine de Ngasobil pour visiter le séminaire Saint-Joseph, où M. Senghor a fait ses études primaires de 1914 à 1922.
Danses traditionnelles et discours se sont ensuite succédés devant quelques dizaines de spectateurs sur une place du quartier de Ndoubab à Joal, non loin de la demeure d’enfance du poète-président décédé en 2001.
Le maire de Joal Paul Ndong, a plaidé pour que « le corps de Léopold Sédar Senghor repose dans sa terre natale, à l’image de Houphouët-Boigny à Yamoussoukro et Pierre Savorgnan de Brazza à Brazzaville qui avaient souhaité faire perdurer ce lien indéfectible à la terre qui leur est chère ».
Le député-maire de Vénissieux André Gerin a pour sa part salué « cet ami indéfectible de la France et promoteur de la francophonie, qui est un ferment pour une jeunesse à la recherche de repère et de reconnaissance ».
Il a également souligné les « bienfaits de l’humanisme de Senghor » en opposition à l’actuelle mondialisation qui est, selon lui, « devenue la norme ».
La maison natale du poète-président, une résidence bourgeoise de type colonial, restaurée par des jeunes de Vénissieux pendant quatre étés consécutifs, a été ouverte officiellement lundi matin en tant que musée.
« Il s’agit d’un long sentier de solidarité entre les deux mairies (de Joal et de Vénissieux) depuis 2003. Les jeunes m’ont aidé à refaire la peinture, l’électricité, un peu de maçonnerie et à réaménager le jardin », a expliqué à l’AFP Jacques Sarr, conservateur du musée Senghor.
Déjà célébré depuis le début de l’année dans le monde entier dans le cadre de la francophonie, le président Senghor devait être honoré au niveau national lundi mais aucun haut responsable de l’Etat n’a été commis sur la « Petite côte », au grand dépit du comité d’organisation local.
Seul Joseph Ndong, ministre des Postes et télécommunications et originaire de la région, était présent lundi après-midi à Joal.
« A distance, l’Etat a participé financièrement aux festivités, mais nous aurions souhaité que la représentation soit plus marquante car les célébrations ne pouvaient pas ne pas avoir lieu à Joal-Fadiouth », a expliqué à l’AFP le premier adjoint au maire de la ville, Emmanuel Diouf.
« Il aurait été plus judicieux à notre sens de voir l’Etat représenté au plus haut niveau pour célébrer l’ancien homme d’Etat », a-t-il ajouté, regrettant également qu’aucun membre de la famille Senghor ne se soit déplacé.
Il y a quelques jours, Blaise Senghor, neveu du défunt et directeur général de la Fondation Léopold Sédar Senghor, avait annoncé à l’AFP qu’il avait décidé de participer lundi aux festivités organisées en France.
Par ailleurs, une source proche de la municipalité a déploré que, du côté du gouvernement, ni les moyens consacrés, ni la promotion autour de l’évènement n’avaient été à la hauteur des attentes des locaux.
Cette source a même évoqué un début de polémique entre la mairie de Joal et les autorités. Lors d’une conférence de presse en début de semaine, le ministre de la Culture Mame Birame Diouf avait simplement reconnu « avoir moins médiatisé l’évènement qu’à l’étranger ».
A Paris, une passerelle Léopold Sédar Senghor a été inaugurée lundi en présence de l’ancien président sénégalais Abdou Diouf.
