Devant les représentants d’une quinzaine d’organes de presse et de nombreux invités, M. Aïssat s’est longuement expliqué sur la décision d’écourter le mandat des assemblées locales en Kabylie, la position du FFS et de ses élus dans la région, ainsi que les différentes options que le parti envisage d’entreprendre dans les toutes prochaines échéances.Parallèlement à cela, le P/APW a établi un constat concret et pragmatique sur le développement économique local, ses perspectives et ses différentes contrariétés auxquelles il fait face. Le forum de la Dépêche de Kabylie, était également l’occasion de relancer le débat sur la gestion du patrimoine foncier de la région, le bilan d’activité de l’APW, les dettes des APC, l’extraction abusive du sable de l’oued Sebaou, et bien d’autres sujets qui touchent directement au quotidien de la population locale.
Développement économique «… beaucoup de lacunes à combler»
Avant de se slancer dans les débats, M.Aïssat a soutenu, dans son allocution d’ouverture, qu’avant d’établir tout bilan —même exhaustif—, sur l’état d’avancement des différents programmes de développement inscrits dans la wilaya de Tizi Ouzou, il faudrait préalablement vérifier que les conditions socio-économiques les plus primordiales soient bel et bien réunies. «Pour qu’un plan de développement puisse s’exécuter convenablement, et donner les résultats escomptés, il nous faut un assemblage cohérent de conditions propices au fleurissement de toute activité économique. Or, force est de constater que, depuis quelques années, notre région est en proie à diverses formes d’instabilité (politique, sociale et sécuritaire qui a freiné la dynamique de relance économique. Pendant toutes ces années, les investisseurs n’ont jamais été rassurés sur ce plan, ce qui explique leur réticences à s’implanter en Kabylie.
D’autre part, j’ai eu le regret de constater que la gestion, tantôt lente, tantôt bureaucratique des infrastructures de base, dont dispose la wilaya n’a fait qu’empirer les choses…».
Interpellé par un journaliste sur le rôle que pourrait jouer l’Assemblée populaire de wilaya dans les différents programmes de développement économique, à même de booster la situation actuelle, M. Aïssat dira, sèchement : «Vous savez, nos prérogatives dans ce domaine sont très limitées. De ce fait, notre mission se limite à l’accompagnement des différents projets. Toutefois, là où notre intervention est nécessaire, comme pour prononcer des délibérations, nous le faisions sans aucune embûche et dans les meilleurs délais. Je rappelle cependant, que notre rôle n’est pas réellement concret, sinon on aurait fait plus que cela.
Dissolution des Assemblées locales en Kabylie
«C’est une décision illégale»
«… Nous y sommes, nous y restons !»
Comme il fallait bien s’y attendre, le renouvellement des instances élues en Kabylie ont accaparé l’essentiel des débat lors de ce forum. A peine, a-t-il fini de répondre à la première question que M. Aïssat est prié par les journalistes de s’expliquer sur le sujet. Pour une première réaction, l’invite de la Dépêche de Kabylie était on ne peut plus explicite : «Jusqu’à preuve du contraire, on est toujours élus…!»
Une phrase qui en dit long sur la position, ferme et résolue, des élus FFS de Tizi Ouzou, qui, faut-il le rappeler, toujours conteste la décision portant leur révocation.
Toutefois, et au fur et à mesure que l’orateur répondait aux questions des journalistes, il s’expliquait, un peu plus clairement, sur la question au point de qualifier la décision d’écourter les mandats des élus locaux de Kabylie d’“illégale”. “Si cette mesure venait à être appuyée par un décret présidentiel, ça sera un discrédit total de l’Etat algérien…”, fulmine M. Aïssat qui ajoute : “Ce qui m’indigne le plus dans cette histoire, c’est que les arguments avancés pour dissoudre ces assemblées sont les mêmes évoqués pour valider les élections du 10 octobre 2002. L’Etat aura donc dit la chose et son contraire sur le même sujet…”. Et de reprendre : “Je tiens à préciser également que ce sont les mêmes décidants qui ont salué notre participation à ce scrutin qui nous ont rendu hommage, et qui ont validé les votes, qui veulent nous révoquer aujourd’hui. Cette situation est complètement inadmissible !”.
Dans la foulée, le P/APW de Tizi Ouzou a estimé qu’il y a une parallèle indéniable entre cette décision et le souci de l’Etat algérien de créer les diversions aux fins de faire passer des situations pas trop faciles à admettre telles que l’amnistie générale, la privatisation de Sonatrach… etc. “Leur objectif (l’Etat, Ndlr), c’est de détourner l’opinion des véritables enjeux”, a-t-il déclaré avant de rétorquer : “Il n’est pas concevable qu’on valide un scrutin avec les taux qu’on connaît, et l’annuler trois ans après en ignorant les votes des populations car il ne faut pas oublier que certaines communes de la wilaya ont enregistré des taux de participation assez appréciables. Comment peuvent-ils occulter cela et nous dire, trois ans après le déroulement du scrutin validé, que les taux étaient insignifiants….”.
A la question de savoir si les élus FFS de la wilaya seraient prêts à remettre leur mandat et de s’élancer dans des élections partielles, M. Aïssat dira, explicitement : “Ça, on l’aurait immédiatement fait si cette mesure était rationnelle. Mais au vu des arguments déjà avancés, vous trouverez qu’elle ne l’est pas du tout (..) De toutes les manières, c’est grâce à notre participation à ces locales que la région a pu reconquérir un semblant de calme. Et cela, nous ne regrettons pas de l’avoir fait. Pour le reste, moi je dis, qu’on est toujours des élus, alors, puisque nous y sommes, nous y restons et nous demeurerons à l’écoute de notre direction nationale, seule habilitée à prendre les mesures et les décisions qu’elle juge nécessaires et porteuses pour le parti”. Pour ce qui est de la mobilisation, très probable des électeurs et des sympathisants du FFS à Tizi Ouzou (une option que le parti a écarté jusqu’à présent) le P/APW dira que le FFS est un parti qui a toujours banni la violence et si il n’a pas encore opté pour une telle alternative, c’est bien parce qu’il est conscient de ses risques.
Même si la démarche en question est très correcte du point de vue politique, le FFS ne voudrait pas s’aventurer dans l’inconnu avant d’étudier la question un peu plus profondément.
Certes, certains gens voudraient bien qu’on prenne ce risque pour qu’ils continuent à nous vilipender publiquement, comme ils l’ont toujours fait, mais pour l’heure, le FFS estime que le problème ne concerne que les élus, et c’est à ces derniers de se concerter entre eux pour pouvoir dégager les meilleures solutions. Toutefois, et même si l’éventualité de recourir à la mobilisation de la population n’est présentement pas à l’ordre du jour, nous restons en étroite concertation avec notre direction, et nous serons à l’écoute de toutes les mesures qu’elle annoncera.
Ahmed Benabi