Par solidarité avec les exclus, les lycéens en grève

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Bien qu’on soit habitué à des grèves fréquentes dans les établissements scolaires d’Aokas, celle entamée par les élèves du lycée Chabane Amar depuis dimanche dernier a trop duré pour être prise en considération et attirer l’attention des autorités compétentes.

Sur une décision hâtivement prise, près de trente élèves, qui ont échoué au baccalauréat et âgés entre 20 et 23 ans, ont été exclus. Celle-ci avait poussé les intéressés à sensibiliser leurs camarades scolarisés et solidairement ces derniers avaient déclenché une grève de soutien depuis dimanche 1er octobre tout en faisant une trêve de 3 jours (du samedi 7 au lundi 10) lors de l’intervention des parents d’élèves qui avaient promis de régler le problème mais sans résultat.

Ne voyant rien venir, les délégués de ces contestataires ont eu mercredi dernier, un entretien avec le chef de daïra puis un autre avec le chef de sûreté de daïra qui leur avaient promis d’intervenir mais en vain. Forts de la présence de l’ensemble des élèves et rejoints par les élèves du nouveau lycée, sensibles aux doléances de leurs camarades, les lycéens de l’établissement Chabane Amar ont organisé dans la matinée du mercredi, une marche allant du lycée à la RN 9, où ils ont bloqué la route à la circulation pendant près d’une heure avant de se disperser et de promettre une action plus importante si rien n’est fait après la réunion qui aura lieu avec les parents d’élèves. Au lendemain de cette marche, les parents d’élèves se sont réunis avec la direction de l’établissement pour parvenir à un accord de principe pour la dispense, au niveau du lycée et à l’intention de ces exclus, de cours de soir payants et à la charge de l’association des parents d’élèves. Les élèves se concerteront ultérieurement pour étudier la proposition faite par l’APE et décider des suites à donner à leur mouvement de contestation. Tour à tour, Nassim, Idir et Lyès intervinrent dans la discussion qu’on avait eue avec eux pour rappeler que “le système scolaire était à sa dernière année dans l’ancien programme et que la direction aurait pu faire un effort pour nous aider en tant que rescapés de l’ancien programme et nous donner la chance de repasser pour la dernière fois le bac en tant que scolarisés, d’autant plus qu’à chaque année on repêchait des élèves pour en faire une classe spéciale avec les résultats positifs. A titre d’exemple, l’année dernière, sur les 40 élèves de la classe spéciale, 28 ont eu leur bac ; est-ce une bonne ou mauvaise chose ? Pour répondre à cette question, nous avions demandé l’avis de l’un de leurs professeurs qui nous avait déclaré qu’“effectivement le fait de donner une autre chance aux élèves exclus quand on a les moyens n’est que positif. A la question de savoir si le lycée Chabane Amar a les moyens de la faire, ce dernier nous rétorqua : “Et comment ? Lorsque le nouveau lycée n’existait pas, on pouvait prendre en charge 1800 élèves, maintenant qu’il est ouvert et qu’on se retrouve avec moins de 1000 élèves dans notre établissement on ne pourrait pas reprendre une trentaine d’élèves? Il y a des classes de littéraires de 25 élèves et des professeurs qui n’atteignent même pas leur volume horaire alors qu’est-ce qui s’oppose à la réintégration de ces exclus ?

Un parent d’élève était venu nous voir pour nous dire qu’il a eu vent d’une information disant que c’était le chef d’établissement qui ne voulait pas de cette réintégration car au lieu de décider de la reprise ou non de ces exclus, il fait voter cette décision par les professeurs tout en les influençant bien avant le vote en leur disant que dans le cas de la réintégration de ces élèves, la direction rejettera toute responsabilité quant au mauvais comportement ou autre de l’un de ces élèves et aux professeurs de se débrouiller seuls avec ces derniers. En nous rendant au lycée pour avoir l’avis du proviseur, ce dernier nous déclara tout de go qu’il n’avait rien à dire et qu’il ne faisait que constater qu’une poignée d’exclus interdisait la reprise des cours aux autres élèves.

Le bras-de-fer continuera-t-il ou toutes les parties concernées lâcheront-elles chacune du lest pour parvenir à un accord dans l’intérêt suprême des élèves ?

A. Gana

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