l Une véritable enquête anthropo-policière, avec énigmes, pistes, pièces à conviction… est proposée aux visiteurs du Musée de l’Homme à Paris à l’occasion d’une exposition sur la disparition, il y a quelque 28.000 ans, de l’Homme de Néandertal.
« C’est une force de la nature, il a conquis un continent, il a existé trois fois plus longtemps que nous (300.000 ans, NDLR), et pourtant il a disparu… »: les organisateurs de « Néandertal, hypothèses d’une disparition », campent l’intrigue dès l’entrée.
Et d’offrir plusieurs pistes pour éclaircir ce phénomène qui baigne toujours dans un halo d’incertitude : changement d’environnement, maladies, problèmes de subsistance, facultés cognitives réduites, raisons démographiques, métissage ave Homo Sapiens… ou toute explication que le visiteur à son gré peut inscrire sur un tableau noir.
L’exposition explore ainsi chaque théorie, l’une après l’autre, en présentant au fur et à mesure des « pièces originales » appartenant au Musée, dont un crâne et un pied de Néandertalien trouvés sur le site de La Ferrassie (Dordogne), exposés dans leur coffre-fort.
Une sculpture, reproduction de Néandertalien tirée des éléments connus sur ces hominidés, permet de se rendre compte de leur apparence. Et l’on peut même entendre leur voix ânonnant des voyelles : « Anatomiquement, ils pouvaient avoir un langage », rappelle en effet Marylène Patou-Mathis, auteure de « Néandertal, une autre humanité ».
En fait, souligne dans un entretien la commissaire de l’exposition, Evelyne Heyer, les questions sur la disparition de Néandertal permettent de plonger dans son univers, de « présenter où il a vécu, ce qu’il savait faire… ».
La dernière piste, qui prouverait non pas un anéantissement total mais une disparition par métissage avec l’Homo Sapiens, est suivie grâce à l’analyse de l’ADN d’une dent de Néandertalien.
Jusqu’à présent, note Mme Heyer, ces tests n’ont pas apporté la preuve d’un croisement entre Néandertal et Sapiens. « Mais avec les recherches nucléaires, soit celles faites à partir des hommes modernes, soit celles réalisées avec de l’ADN ancien, on va avoir des éléments de réponse d’ici deux à trois ans » sur un éventuel métissage.
La disparition de Néandertal? « Une affaire à suivre », conclut le Musée de l’Homme qui accompagne cette exposition d’ateliers, de présentation de films et de conférences telles que « Le comportement des Néandertaliens en Europe ».
