Huit ans après l’assassinat du chanteur défenseur de l’identité amazighe, le serment clamé haut et fort pour exiger la vérité sur l’acte perpétré à son encontre semble s’estomper pour ne pas dire que toutes ces voix qui s’étaient élevées en Kabylie et ailleurs se sont éteintes pour laisser place à l’amnésie. En effet, combien de stèles avaient été érigées en son nom ? Elles sont nombreuses puisque presque dans chaque village, on en trouve une. Malheureusement, l’a-t-on constaté, celles-ci sont à l’abandon quant elles ne sont pas livrées aux profanateurs. Le dernier acte de vandalisme dont a fait l’objet celle de Boufhaima à quelques encablures de la ville de Draâ El-Mizan en dit long sur cet abandon. Dans nos différents déplacements dans quelques villages, il nous a été donné de relever qu’elles ne sont ni clôturées ni entretenues. Que font alors les comités de villages et de quartiers devant de telles
situations ? Et pourtant, tout le monde est unanime à reconnaître que Matoub Lounès est martyr et qu’on n’a pas le droit de souiller son parcours de militant et d’homme juste. A Tizi-Gheniff, et plus précisément au village d’Ath Itchir au lieudit l’Qahwa n’sebt, la stèle qui devrait être érigée en son nom n’est pas encore achevée. On peut signaler qu’elle est en dégradation. A Draâ El-Mizan, c’est une stèle réalisée en 1999.
Là encore, elle semble être abandonnée même si on n’a pas remarqué de traces d’actes de vandalisme. Le réverbère n’éclaire plus le portrait sombre de l’auteur de “Lettre ouverte à…. La toiture arrachée par le vent n’est pas encore remplacée. “Le lieu doit être clôturé”, nous a dit à ce sujet un membre de l’association culturelle Taneflit n’Tmazight. “Nous avons soulevé ce problème aux autorités, en vain”, a ajouté notre interlocuteur. Et d’expliquer : “si nous avions fait des pieds et des mains pour rendre hommage à ce grand homme dans la foulée en 1999, aujourd’hui, avec l’hibernation du mouvement associatif, on ne peut rien faire. Nous n’avons pas de moyens pour la clôturer. Pour réfectionner notre siège, nous ne faisons que quémander pour ne pas dire demander l’aumône”.
Cela étant écrit, tout le monde s’accorde à dire que cette figure emblématique relève du patrimoine culturel, que font alors ces gens-là pour protéger Matoub Lounès ? C’est là une question qui taraude tant d’esprits.
Amar Ouramdane