“Pour la dépénalisation des délits de presse et la levée du monopole sur l’audiovisuel”

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“Alors, même si on payera l’ardoise qu’il nous ont imposée, le journal Le Matin ne reviendra jamais. C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse dans l’étape actuelle. Mais il est suspendu pour des raisons que tout le monde n’ignore pas ».

C’est ce qu’a déclaré le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, lors d’une conférence-débat qu’il a animée dans la soirée d’avant-hier au siège du Mouvement démocratique et social (MDS). Ce dernier ajoutera que son journal n’a ‘’aucun problème de dettes’’. Mieux encore, affirme le conférencier, le journal qu’il dirigeait était le seul avec le Quotidien d’Oran à règler à temps ses comptes avec les imprimeries. « Mais, hélas, nous savons, tout comme nos lecteurs le savent aussi que c’est notre ligne éditoriale qui dérange le pouvoir. C’est une décision politique maquillée en décision économique », regrette-t-il, tout rappelant que la direction des impôts a fait savoir que « nous sommes endettés encore de sept autres milliards ». Mais une chose est sûre, estime l’orateur, « c’est que le Matin reviendra bel et bien quand les conditions politiques seront réunies ».

D’emblée, la situation actuelle de la presse et son rôle dans la société, la dépénalisation des délits de presse, le monopole sur l’audiovisuel, la révision de la Constitution, le harcèlement policier et judiciaire des journalistes, le pluralisme politique et les événements de 1988 et la nouvelle stratégie que mène « le pouvoir de Bouteflika » depuis quatre ans contre la presse indépendante sont autant de thèmes sur lesquels s’est attardé le conférencier. La presse a-t-elle reculé en 2006 ? “Apparemment oui”, dira Benchicou en appuyant ses propos par le fait que des communiqués ne passent pas, la bureaucratie des patrons, la caution et l’accompagnement des politiques spoliatrices du pouvoir. La guerre de Bouteflika contre la presse indépendante reflète, selon le conférencier, le fond de la politique du pouvoir actuel de liquider tous les journaux qui accompagnent de près les luttes sociales (syndicats, associations…) et qui s’opposent farouchement à leur idéologie. Benchicou n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer les pratiques anti-professionnelles et antihumaines du pouvoir contre la presse libre et indépendante. « Le contenment, soft, est la nouvelle stratégie du pouvoir en plus du fisc, de la pub et le monopole sur les médias lourds »,ajoutera-t-il.

En outre, Benchicou a rappelé que la presse repose sur des acquis populaires indépendants. Le conférencier insiste sur le fait de mener des luttes pour « la dépénalisation des délits de presse et la levée du monopole sur l’audiovisuel et de l’ouverture du champ médiatique ».

Sur le volet de la révision de la Constitution, Benchicou a affirmé que « le pouvoir va certainement précipiter ce processus sans faire appel au débat mais également sans concertation avec les société ». Le but de la prochaine révision selon l’orateur, n’est autre qu’un retour à un parti unique (FLN), à un syndicat unique (ugta), attitude qui donnera tous les pouvoirs à une seule personne.

Ziyad Demouche

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