Le cas Anouar Haddam ressuscité

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La déclaration du SG du syndicat des magistrats, Laidouni, au forum d’El-Moudjahid relance une fois encore les débats sur l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sur les ex-dirigeants du parti dissous, en particulier ceux qui sont toujours à l’étranger. Interrogé sur la récente décision de la justice américaine, annulant les poursuites judiciaires à l’encontre d’Anouar Haddam, Laidouni avait déclaré « la justice américaine est libre d’émettre les jugements qu’elle voit utiles, seulement la justice est aussi souveraine dans son exercice ». Cette déclaration du représentant des magistrats, remet sur le tapis, les poursuites judiciaires maintenues à l’encontre de celui qui a expressément revendiqué le carnage du boulevard Amirouche, où un attentat sanglant à l’explosif a été perpétré.

Anouar Haddam, l’un des partenaires de ce qui est appelée « Initiative de Saint Egidio » avait au départ ménagé Kebir. Ce dernier s’est érigé en missionnaire de l’instance exécutive du parti intégriste dissous. Il avait déclaré, avant son départ d’Allemagne, qu’il revenait en éclaireur en Algérie. Depuis, les chefs du parti islamiste dissous ne semblent pas octroyer le même contenu à la revendication des droits politiques, brandie juste après l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale et présentée comme un prolongement de cette dernière.

Le silence officiel observé face à l’activité de Rabah Kebir, qui, depuis son retour s’adonne à un marathon de rencontres avec des personnalités de la classe politique, ex-partenaires du « contrat de Rome », trouve son écho plutôt dans la déclaration de Abdelhamid Mehri, qui a estimé que « ce que propose Kebir ne contient rien de nouveau ». Ceci contredit les récentes déclarations tenues par Louisa Hanoune, une autre sociétaire de  » Saint Egidio », qui a estimé sur les ondes de la Chaine II de la Radio nationale, que Kebir est dans son droit de s’exprimer et même de prendre l’initiative de créer un parti politique.

La cacophonie que vit actuellement, ce qui reste des instances dirigeantes du parti intégriste, exprime davantage la déperdition de la vieille garde du parti dissous, à l’image de Abbassi Madani qui affiche une attitude ambiguë depuis l’adoption de la loi sur la concorde civile. Le « oui mais » de l’ex-leader du parti islamiste dissous, est bousculé par l’attitude intransigeante de Ali Belhadj, confortée par la position du GSPC, qui continue à semer la mort ces derniers temps.

Abbassi Madani se trouve de plus en plus lâché par ses pairs, que se soit ceux d’El-djazaâra, à l’image de Mostefa Dehina, qui a claqué la porte de ce qui est appelée l’instance exécutive du parti intégriste dissous à l’étranger, suite à son refus catégorique de s’inscrire dans la démarche de la réconciliation nationale, et même par ceux qui ont appuyé cette dernière et qui nourrissent des ambitions politiques. Sur cette question, la démarche de Kebir, qui a regagné le pays après l’expiration des délais d’application de la Charte pour la pais et la réconciliation nationale, s’apparente plus à une tentative désespérée pour raccommoder les restes politiques, d’un parti qui s’est embourbé dans la logique du terrorisme sanguinaire.

Rabah Kebir qui fait le pied de grue pour arracher une rencontre avec l’actuel chef de l’exécutif national et son ancien partenaire de « Saint Egidio », s’adonne à une campagne dans les coulisses pour faire admettre l’idée de la reconstruction d’un parti sur les ruines du parti dissous, en projetant de rencontrer Ben Bella et d’autres personnalités. L’initiative unilatérale de Kebir butte sur un revirement de l’attitude d’Anouar Haddam et sur un refus clairement exprimé par des dirigeants de l’ex-parti dissous, à l’image de Boukhamkham, un inconditionnel de Belhadj, qui a déclaré récemment que les conditions ne sont pas réunis pour l’organisation d’un congrès national, tout en récusant le droit à Kebir de parler au nom du parti dissous.

Hadj Bouziane

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