… Il est 19h 45mn. Une importante délégation des ârch arrivera d’une minute à l’autre chez les Dezdeg. Près de cinquante délégués, à leur tête Jésus de Tizi Wezzu, Mandela de Tubbirett, le Burnous de Bgayet et H’mimi le pneumatique sont attendus dans une grande salle des fêtes, mise gracieusement et généreusement à la disposition du Débat par un Algérois, compagnon d’arme du vieux Rezqi.
“Le premier grand moment de l’histoire de Débat est arrivé !”, tire fierté Moumouh Iboulitik. Pour la circonstance, il a mis le trois-pièces des grands jours. Il n’est pas très burnous, le Moumouh. Le grand-père a lui aussi sorti son attirail des grands rendez-vous. Mima a opté pour la robe kabyle, une très belle robe que sa tante des Ath Rgad lui a achetée à Tiroual, au début de l’année. C’est la deuxième fois qu’elle la porte, mais c’est la première fois qu’elle en tire vraiment fierté. Elle a le sentiment de porter un emblème. Le postier, lui, ne s’est pas séparé de son bleu de chine. Prolétaire jusqu’au bout, le dissident du FFCD.
Contre toute attente, les “Deux-poils” a pris congé de son nisf ssaq et de son musc. Il semble avoir découvert un autre son de cloche, depuis qu’il a été chargé de mission par son grand-père. Il se rend compte qu’il y a d’autres vérités que celles qu’on lui assène aux halaqats. Idem pour Mamou la “Croix” qui, lui aussi, se rend compte qu’il n’était pas vraiment très catholique avec son environnement. Cette métamorphose n’a pas échappé au vieux qui a de plus en plus espoir que son Débat remette les pendules à l’heure. “A rbeh a tafat !”, s’exclame le grand-père Dezdeg en constatant ces changements chez ses petits-fils.
– Ils sont venus, ils sont tous là a da rezqi, annonce Moumouh !
– Anwa-wi ?
– Larac !
– Lâeslama-nnsen !
Le vieux descend les quatre étages pour les accueillir. Après échange d’azul et d’accolades, ils invitent les ârchs à prendre une baqlawa made in Djurdjura, avant de retrouver la salle des fêtes et d’attaquer le premier round de Débat.
Yettkemmil…
T. Ould Amar