“C’est un véritable hold-up”

Partager

Dans un entretien paru hier dans le quotidien arabophone El Khabar, le directeur général de la Banque nationale d’Algérie (BNA) Mohamed Seghir Ben Bouzid a assimilé l’affaire de détournement des quarante milliards de dinars à un véritable hold-up commis à l’intérieur de la banque avec la complicité de fonctionnaires. Le DG a écarté, dans son intervention, toute relation avec des crédits octroyés par la banque ou à une mauvaise gestion des crédits.

“La BNA a connu deux problèmes majeurs qui ont causé de graves conséquences sur les comptes bancaires (…) ces affaires ressemblent à un véritable hold-up perpétré à l’intérieur de la banque. La première affaire a trait à la dissimulation de documents d’engagements bancaire et d’obligations financières, quant à la deuxième affaire, il s’agit de retraits effectués, sans qu’ils soient comptabilisés”, a-t-il déclaré.

Pour appuyer ses propos, Ben Bouzid est revenu longuement sur ces deux dossiers, qui ont causé un trou financier de l’ordre de 40 milliards de dinars, durant les mois de septembre et d’octobre de l’année précédente.

En citant la première affaire, pour laquelle trois agences bancaires sont impliquées, l’orateur affirme qu’une opération de dissimulation de documents s’est effectuée, simultanément entre ces agences “sans s’apercevoir qu’il y a des retenus sur des comptes clients, d’autant plus que les relevés de compte n’indique rien.” Plus grave, le premier responsable de la BNA confirme que l’opération en question a duré trois années de suite (de 2003 à 2005) avant qu’on ne découvre l’intrigue.

S’agissant de la deuxième affaire qui a éclaboussé l’institution financière en octobre de l’année précédente, l’orateur qui reconnaît que l’opération touche à la réputation du système bancaire, évoque des agents et des fonctionnaires, lesquels, selon sa version, ont dissimulé des opérations bancaires sans qu’elles soient comptabilisées.

Ces détournements ont causé à la BNA, durant l’année 2005 un déficit de l’ordre de 1%, enregistré sur ses propres fonds (capital et réserves) soit un montant s’élèvent à 2 milliards de dinars.

Le DG estime que le volume du trou financier aurait été un coup de grâce pour n’importe quelle institution financière, mais la bonne santé de la BNA et l’importance des provisions générés ont fait qu’il y a eu une prise en charge de tous les effets d’une manière complète sans l’intervention d’aucune partie y compris celle du Trésor. « La banque s’est ressourcée de ses propres fonds », a-t-il répliqué à une question ayant trait aux conséquences des pertes.

Le traitement du déficit s’est axé sur deux volets, financier et réglementaire. Financièrement, et jusqu’au 31 décembre 2006, des résultats satisfaisants se chiffrant à 2 milliards de dinars ont été enregistrés, et ce après avoir cumulé des provisions additionnelles qui s’élèvent à 6 milliards de dinars. Sur le plan réglementaire, la banque a renforcé son système de contrôle, la réalisation d’audits et la réhabilitation de l’inspection générale, en intégrant des cadres-experts. Un suivi permanent des risques, la formation de ses cadres, et la modernisation facilitera l’opération de contrôle.

L’informatisation, qui prendra fin durant le dernier trimestre de 2006 permettra, estime Ben Bouzid d’améliorer les prestations de services et de répondre à 70 % des opérations de contrôles internes.

Répondant a une autre question relative au recouvrement et à la restitution des sommes détournées, le DG a déclaré que « nous allons restituer une grande partie de cette somme, au vu des garanties acquises par la banque et des procédures à effectuer même en dehors du territoire national.»

S’agissant de la privatisation de certaines banques, Ben Bouzid pense que la privatisation n’est pas une fin en soi, «mais elle doit être un facteur qui développera les prestations financières et monétaires». la BNA représente, selon ses propos, 25 % du marché boursier et est classée à la quinzième position au niveau continental. Elle ambitionne d’augmenter sa quote-part du marché à 30% au profit de l’économie nationale.

Il a révélé ensuite que les résultats d’une audit de quatre mois effectuée par deux bureaux internationaux, et transmises au ministère des Finances et à la Banque d’Algérie, démontrent que la BNA se conforme aux règles comptables applicables aux banques et aux institutions financières, et des règles internationales régissant la profession.

Les rapports remis par les deux bureaux, ajoute-t-il, indiquent que le nombre de comptes gérés par la banque frôlent les deux millions, eu égard qu’elle est considérée comme l’unique institution qui forme des provisions même pour des crédits à moyen terme.

Les dépôts de clients ont atteint 450 milliards de dinars, soit 16 % du marché financier, et représentent, de surcroît 26 % des ressources financières du système bancaire.

En ce qui concerne la réforme du secteur bancaire, Ben Bouzid soutient que la BNA se conforme aux règles de prudence. En guise d’illustration, il a cité les crédits d’exploitation et des relevés bancaires limités à quinze jours par rapport au chiffre d’affaires. « Cette règle », assène-t-il « est respectée dans nos décisions des accréditations, tout en tenant compte des risques partagés et la capacité de remboursement. »

En conclusion, le directeur général a évoqué le problème des crédits non remboursables.

Boudaoud.M

Partager