Les priorités politiques de Belkhadem

Partager

C’est à Rabah Kebir, ex-responsable de l’instance exécutive à l’étranger du parti intégriste dissous, que revient le mérite de la reprise du service de l’actuel locataire du Palais du gouvernement.

En recevant au siège de l’ex-parti unique, dans la soirée de dimanche passé, le porte-parole de fait de ce qui reste du parti islamiste dissous, après une éclipse qui a duré pratiquement depuis son intronisation à la tête de l’exécutif national, Belkhadem affiche ainsi ses priorités politiques.

Celui qui s’est présenté en coordinateur du gouvernement, pour marquer sa différence avec l’ex-chef de l’exécutif national, Ahmed Ouyahia, s’est finalement retrouvé dans un rôle de figurant, remettant en cause de fait l’utilité des conseils des ministres, voire même celui du conseil du gouvernement, frappé de paralysie, suite à la prise en main par le président de la République, des questions relatives à la gestion des différents secteurs de l’activité gouvernementale.

D’ailleurs, et à en croire les différentes lectures émises, suite aux rencontres -bilans initiées par Abdelaziz Bouteflika avec les ministres du gouvernement -il est à prévoir un vaste mouvement de remaniement du même gouvernement, dont le changement a été annoncé par Belkhadem juste après son intronisation à la tête de l’exécutif national. « Le nouveau gouvernement sera connu d’ici 10 jours », avait annoncé, pour rappel, Abdelaziz à sa sortie du palais d’El-Mouradia, suite au tête à tête qu’il a eu avec le président de la République.

Belkhadem a reçu son ex-partenaire de contrat de « Saint-Egidio », au siège du FLN et en sa qualité de SG du vieux parti, au moment où les nostalgiques des années de l’agitation islamiste, s’attendaient à ce que Kebir soit reçu au Palais du gouvernement, ce qui aurait pu être interprété comme une caution politique officielle au projet du porte-parole politique de l’AIS, controversé, il faut le souligner, au sein même des instances dirigeantes du parti islamiste dissous.

Avec cette rencontre, Abdelaziz Belkhadem est en train de transformer le FLN, qui vit d’ailleurs une crise profonde, en une tribune d’un courant du parti intégriste dissous. En termes d’acquis politiques, puisque c’est de ça qu’il s’agit pour Rabah Kebir, Belkhadem vient d’offrir le vieux parti à ceux que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, comme un strapontin pour revenir à l’activité politique. Si Abdelaziz Belkhadem, actuellement absent de l’activité gouvernementale, lorgne du côté de la base de l’ex-parti islamiste dissous dans le but de maintenir sa position au sein des parlement et des collectivités locales, à l’occasion des joutes électorales de 2007, il n’en demeure pas moins que Rabah Kebir cherche à aseptiser ce qui reste des activistes du parti dissous, pour revenir à l’activité politique, sous une forme actualisée du « contrat de Rome », dont Belkhadem a été un fervent partisan.

Reste à savoir dans ce cas de figure, l’attitude qu’aura le ministère de l’Intérieur, dont l’actuel locataire a justifié le refus d’octroyer l’agrément au parti « WAFA » d’El-Ibrahimi, en avançant l’argument de la présence d’éléments de l’organisation terroriste « AIS » parmi ce parti.

Le FLN sous l’emprise des tiraillements depuis la crise du huitième congrès, risque fort d’etre torpillé par les desseins de Rabah Kebir et la nostalgie « romaine » de Abdelaziz Belkhadem, dont l’avenir à la tête du gouvernement est plus que compromis.

Hadj Bouziane

Partager