Quarante détenus dans 25 m2 à Serkadji

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Après plusieurs semaines d’enquête sur le terrain, en effectuant des tournées dans différents établissements pénitentiaires, la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH) a présenté hier au président de la République son rapport annuel sur les conditions carcérales en Algérie.

Les différentes personnalités et députés des deux chambres parlementaires composant les quatre comités de la commission chargée d’établir ce rapport ont signalé plusieurs points positifs et négatifs sur les conditions dans lesquelles vivent les détenus après avoir visité plusieurs prisons du pays et s’être entretenue avec les détenus. Ces derniers se sont plaints surtout de la précarité des conditions de détention, de la promiscuité et de l’exiguïté des cellules ainsi que de la mauvaise qualité de la restauration.

Cette instruction du président Bouteflika à Farouk Ksentini de mener une enquête sur les établissements pénitentiaires intervient suite à la série de critiques et reproches formulés à l’encontre des autorités algériennes à travers les rapports des Organisations internationales non gouvernementales (ONG) telles que Human Rights Watch et Amnesty International qui ont dressé un tableau très sombre sur les prisons algériennes.

Ce rapport sur lequel s’est penché M.Ksentini et la cinquantaine de membres qui l’ont accompagné durant plusieurs mois a pris en compte, selon ses initiateurs, les conditions des détention en faisant une comparaison entre ce qui est appliqué dans les prisons et les orientations de la nouvelle loi du 06 février 2005 portant sur la réorganisation des établissement pénitentiaires et la réinsertions sociale des détenus après avoir purgé leur peine. Un texte de loi qui consacre l’humanisation des prisons, l’amélioration des conditions de détention et le respect des droits de l’Homme avec une approche moderne de la question de la rééducation et de la réinsertion sociale des prisonniers.

Il est à signaler que dans leur majorité des cas, les observations et remarques des intervenants ont porté sur l’étroitesse des salles de détention notamment à la prison de Serkadji où une quarantaine de détenus sont entassés dans un espace de 25 m2, et sur les pratiques inhumaines de certains responsables de prisons, surtout à l’adresse des prisonniers mis en détention préventive et qui sont souvent oubliés dans leur  » trou  » durant de longs mois.

Les membres de ladite commission ont pu également écouter les arguments des directeurs des établissements de Serkadji et d’El Harrach qui ont décidé de transférer certains de leurs détenus vers les prisons de Chlef, de Berrouaghuia à Médéa et de Lambèse à Annaba.

Pour rappel, cette enquête de la CNCPPDH a coïncidé avec le dernier déplacement de la Croix-rouge internationale qui a effectué une vingtaine de visites dans les établissements pénitentiaires algériens.

H.Hayet

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