Après une deuxième année d’activité, le club d’alphabétisation de la Maison de jeunes de Barbacha abrite en son sein quelques 14 jeunes dont 11 filles et 3 garçons qui, ont raté le train de l’école pour des raisons diverses. Ce club créé pour lutter contre l’analphabétisme qui ne cesse de sévir, même en ce troisième millénaire dans des régions reculées comme Barbacha, apporte à vrai dire un second souffle aux victimes des mentalités rétrogrades de quelques parents têtus et des situations sociales dramatiques.
Travaillant en étroite collaboration avec l’association “Iqra”, le club reçoit des élèves de tous âges, lesquels dès la première année de scolarisation, acquièrent le niveau de 4e année primaire de l’enseignement général. Ce qui laisse entendre que les inscrits à ce club entament cette année leur 5e année et s’apprêtent à passer dès l’année prochaine, l’examen de 6e. A partir de la fin du cycle primaire, les admis auront le droit de suivre des cours du cycle moyen par le biais de l’enseignement par correspondance assuré par le CNEG. Les plus persévérants peuvent aller très loin, jusqu’à décrocher leur bac. Mais qu’en est-il de ces jeunes dont l’âge varie entre 16 et 30 ans et qui n’ont pas eu la chance, comme la majorité des enfants de leur génération de prendre le chemin de l’école à un âge précoce. Lors d’une visite que nous avons effectué à la Maison de jeunes de Barbacha, nous avons été surpris par la symbiose qui régnait entre les élèves et leur enseignante mais surtout par leur volonté inébranlable de suivre des cours d’arabe et de français avec le plus grand intérêt. Même si l’objectif est commun, chacun d’eux à sa propre histoire. Certains d’entre ces élèves de la dernière chance sont issus de familles pauvres, selon leurs dires. Pour Sabrina et Fatiha, deux sœurs âgées respectivement de 24 et 25 ans, elles n’ont jamais mis les pieds à l’école car, disent-elles, leurs parents étant démunis, ont préféré faire dans l’économie en scolarisant uniquement les garçons.
Mais pour Zohra, 28 ans, orpheline dès son jeune âge et Chérifa, 24 ans, elles, sont victimes des traditions étroites. D’autres camarades de nos interlocuteurs ont déjà goûté à l’ambiance des bancs de classes qu’ils ont quitté trop tôt. Pour Nabil, aujourd’hui 23 ans, il a été scolarisé jusqu’à la 4e année primaire, il a été contraint d’abandonner l’école suite à une maladie qui l’a alité longtemps. Idem pour Mériem (16 ans) et Sabrina qui n’ont pas en la chance de mener à terme leur scolarité.
Après donc quelques années de traversée du désert, ces jeunes désespérés ont sauté sur cette aubaine qui leur est présentée, celle qui leur permettra d’apprendre à lire et à écrire et pourquoi pas même décrocher un diplôme.
Une chance que certaines filles cloîtrées entre les murs du domicile familial ne pourront pas partager, car après avoir été privées d’une scolarité normale, elles seront encore une fois maltraitées par leurs très chers parents. C’est ainsi qu’un devoir sacré n’est pas accompli.
Nadir Touati
