La poésie continue fièrement et dignement son chemin combien balisé par l’incompréhension des uns et l’hostilité des autres. Elle mène son combat quotidiennement, quoique traitée de tous les maux et diabolisée à l’extrême. Qui peut nier que cet art, cher à Abou Nouas, a Adonis, à Verlaine et à Ben Mohamed le plus maudit des arts ? Il n’y a qu’à voir le nombre de recueils, de poésie qui sommeillent dans les tiroirs poussiéreux des auteurs et des éditeurs. La réponse peut bien être trouvée également dans le nombre de vendus.Cependant, les poètes opposent à ce cauchemar, leur espoir et leur assiduité, car l’histoire n’est jamais ingrate. Et à défaut d’espoir, son ombre subsiste et tient bien le coup. Et c’est justement cette ombre d’espoir qui est retenue par un poète en herbe, en l’occurrence Saïd Khaloua pour intituler son recueil de poésie en Kabyle. “Tili n Usirem”. Cet ouvrage de 104 pages contenant 32 titres, allant de l’amour aux souvenirs, à l’espoir et de la dénonciation de la malvie au désespoir. L’auteur a, comme l’exige la rigueur du travail accompli, sollicite les soins des spécialistes pour l’illustration, la préface et la traduction des poèmes. Ainsi, ont contribué respectivement, Hocine Hettal, Abdesslam Abdenour et Djamila Amokrane, chacun dans son domaine.Parlant de l’espoir, le fils des Aït Yahia Moussa écrit : Lemmer i tettdum tefsutAm wagur d tziri d yetranLemmer d ay ulac lrutUr yettghar uzeffih yefsanLemmer ur d-iteffegh S sutAd ifellaq wul s wurgan”Dans les deux derniers vers, l’auteur se donne raison d’avoir choisi d’écrire car l’écriture et la poésie permettent d’extérioriser, afin d’éviter l’implosion.Côté structurel les poèmes sont classés dans la poésie classique, avec des rimes et des structures courantes. La quasi totalité des poèmes sont des Sizains, avec la rime croisée. D’autres sont des neuvains avec la rime AAB. Ce sont les deux formes qui reviennent très souvent dans la poésie kabyle.
Salem Amrane
