»Les archs, c’est comme le Fis »

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Plus de 2 000 militants ont tenu à répondre à l’appel. D’entrée, c’est une forte délégation qui fait irruption dans la salle aux environs de 14h15 avec Ali Laskri, premier secrétaire national, Karim Tabou, porte-parole du parti, le P/APC de Tizi Ouzou, Chérif Aït Ahmed, renforcés par des militants FFS de Ghardaïa, dont le Dr Fekhar. Les mots d’ordre traditionnels du parti, en mettant l’accent sur le zaïm charismatique, Hocine Aït Ahmed. D’emblée, l’allocution d’ouverture est faite par le responsable de la fédération qui, par un discours protocolaire et de bienvenue, a donné la parole aux hôtes du jour, les ex-détenus de Ghardaïa.Témoignages empoignants et détermination sont affichés tout le long de leur intervention. Dr Fekhar et le notable et chercheur Germani, ont tous deux accordé leurs violons pour rassurer l’assistance que “la population M’zab, dont la toile de fond identitaire est similaire à celle kabyle, est désormais consciente de l’impérieuse nécessité d’échanger avec la Kabylie. Le brassage inter-populations des régions du pays, n’a jamais été du goût du pouvoir, appréhendant une synergie de force dans le sens de la demande démocratique. D’ailleurs, lors de notre révolte où plus d’une quarantaine Mozabites ont été arrêtés et que seul le FFS a manifesté une agissante solidarité en prison nous étions approchés par les autorités, pour nous promettre toutes les merveilles du monde à l’unique condition de ne pas “flirter” avec les Kabyles et le FFS” ont asséné les deux intervenants. La salle pleine, répliquait par des applaudissements très chauds aux brûlantes déclarations et témoignages réelles sur les conditions politiques des populations de Ghardaïa, qui désormais passent à un autre cap. Parole donnée à Karim Tabou, secrétaire national à la communication, sa sortie laconique mais synthétique a résumé toute la démarche de son parti sur les problématiques de l’heure. Sans prendre de gants, le porte-parole du parti a classé la dynamique citoyenne des archs dans la proximité politique du FIS de Ali Belhadj. Cette mise dans le même sac de ces deux entités politiques, est justifiée par M. Tabou par les similaires pratiques au quotidien de ces deux mouvements. Le porte-parole du FFS, tombe à bras raccourcis dans un discours à bras raccourcis dans un discours pamphlétaire sur l’actuel chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, déniant à ce dernier la présence en Kabylie dans le courant de la semaine écoulée, sous prétexte “qu’il s’agit d’un retour du criminel sur les lieux du crime”.Le porte-parole du parti du FFS a fait éloge de sa structure, qui dit-il, a eu “une constance politique dans les positions que le parti a eu à prendre. Le FFS fera barrage à la machination et la conjuration orchestrées par le pouvoir contre la Kabylie, monnayant ses relais locaux et kabyles de services engagés dans un dialogue politicien, loin d’une volonté de régler la crise”. Comme la dissolution des APC point noir de l’actualité, politique dans la région a été timidement abordé par M. Karim Tabou, ceci laisse à penser à une négociation de coulisses par la direction nationale.Force est de constater que c’est en présence de l’ensemble des élus FFS que ce point est évacué d’un revers de la main par le conférencier. L’angoisse des élus présents et des militants venus pour un éclairage sur les enjeux de l’heure, sont noyés dans le discours de lamentation et de stigmatisation du pouvoir. Un goût d’inachevé a caractérisé les successives interventions qui n’ont pas dérogé à la règle de l’oppositionnisme béat et stérile.Revenant sur le projet de réconciliation nationale du président de la République, dont l’axe principal est l’amnistie. Le porte-parole du FFS rejette sans ambages la question, tant que “les impératifs de justice et de vérité ne sont pas garantis”.A ce sujet, s’appuyant sur une arithmétique d’école, M. Tabou met en avant le problème des disparus, chapitre qui lui permet d’incriminer “les hommes du système sur qui la justice devrait se pencher, pour ensuite passer à la politique de l’amnistie et de la réconciliation nationale”. Lui succédant, M. Ali Laskri, 1er secrétaire national à travers son discours, n’a pas apporté de réponse à l’attente de l’assistance. Après avoir rendu hommage à tous ceux qui sont morts pour la démocratie, il réitère la position de son parti concernant tamazight, comme langue nationale et officielle et de dire que la plate-forme d’El Kseur, relève d’une substitution politicienne du mémorandum du FFS. Comme il réitère la revendication d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Matoub Lounès, conditionnée par les archs à l’application de la plate-forme d’El Kseur.Ali Laskri a, également mis l’accent sur “la fermeture des espaces d’expression politique et que le FFS en fer de lance de la démocratie, travaillera à la réhabilitation du politique dans la région kabyle comme dans le reste du pays”. Et d’enchaîner que “l’administration, le chef du gouvernement, le président de la République ne font rien pour le développement de la région, pire, ils vident les élus de toutes prérogatives. Le pouvoir qui négocie avec une structure non représentative (les archs) sur la Kabylie, doit savoir que les Kabyles ne sont pas à vendre”, tout en citant le FFS, qu’il dit “faire de la pleine autonomie politique, qui ne restera pas bras croisés sur toutes ces manœuvres. En ce sens, le FFS fait figure de cible à atteindre”. Le premier secrétaire a presque expédié la question du retrait des élus, citant juste la plainte que le parti déposerait contre Ouyahia pour avoir retenu le vocable “d’indus élus”, alors que le scrutin a été validé par l’Etat, déclare-t-il.Sur l’amnistie, Ali Laskri, se prononce totalement contre et dit que ce projet est pensé pour “absoudre tous les crimes. Cela relève d’un complot contre la mémoire”. Il est fort à croire que ce retour du FFS soit le prélude à une reprise de l’expression politique partisane dans la région, aux fins d’engager sereinement le débat sur les véritables enjeux du développement dont la Kabylie est tenue en marge depuis longtemps.

Khaled Zahem

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