La maçonnerie en pierre, activité traditionnelle dans ces régions, à perdu peu à peu du terrain à partir pratiquement des années 60, nous a-t-on fait savoir. En revanche, les produits manufacturés tels que le ciment, l’acier, les produits rouges et blancs (briques, parpaings…) ont supplanté la pierre et sont devenue par la force du temps les rois incontestés des matériaux de construction, et sont utilisés pour des milliers de logements dans les villes et en zones rurales montagneuses, poussent comme des champignons à travers tout le pays. Aucune trace de ce matériau, à l’instar des anciennes maisons édifiées par nos aïeux, la pierre ne semble pas avoir droit de cité ; le béton règne en maître absolu et atteint même le plus petit constructeur privé dans cette région. “Pourtant, nous dira un jeune architecte exerçant dans un bureau d’études en ville, les carrières en Kabylie, notamment à LNI et sa région, existent bel et bien et ne demandent qu’à être exploitées, à l’image de celles d’Aït-Oumalou, et d’Afensou à l’est de LNI”. Et d’ajouter : plus de cela, la pierre de construction consomme beaucoup moins de ciment et encore moins d’acier”. En plus de ces aspects techniques, “la pierre s’insère harmonieusement et donne des ouvrages conviviaux dans tous les paysages” relèvera-t-il encore. “La boulimie du béton fait des “ravages” chez le constructeur algérien depuis pratiquement les années 70, et lui a fait même oublier l’existence du matériau de ses aïeux qu’est la pierre” regrette amèrement Da-Ramdane, un ancien maçon à la retraite ayant fait ses preuves dans le domaine de la pierre. “Regardez bien ! Toute la ville de Fort-National a été construite au 18e siècle, et elle tient encore”. Fera-t-il remarquer encore à notre adresse. Il nous cite l’exemple du mur d’enceinte de la ville de l’ex-”Fort-Napoléon”, les portes d’entrée et de sortie, qui n’existent plus aujourd’hui, hélas, sans omettre la caserne militaire et toutes les bâtisses qui demeurent encore debout malgré le séisme qui a ébranlé les régions côtières en 2003. “Aucune fissure n’a été pratiquement enregistrée au niveau de ces édifices pierreux”. Conclut notre maçon, tout fier. Certes, la pierre de construction était omniprésente dans les anciens édifices dans tout le pays, notamment en Kabylie qui témoigne aujourd’hui encore de la place qu’elle occupait dans les ouvrages et bâtiment. Même les places publiques, les trottoirs, les rues, les ponts, les garde-fous sur les routes tortueuses et dangereuses, etc, étaient fait avec ce matériau. Des pierres ont même été importées des gisements des Bouches-du-Rhônes, du Vaucluse, en France pour la réalisation de grands ensembles, parmi lesquels nous citerons les plus importants : Le TNA d’Alger, et un certain nombre d’églises, en raison, nous a-t-on dit de la fermeture des carrières algériennes, avant et durant la guerre de Libération, et ce pour des raisons de sécurité. Dans les pays développés, l’utilisation de la pierre dans les constructions est perçue comme le révélateur d’une prise de conscience qui demeure à la fois économique, social et écologique.
Il est prouvé par les spécialistes en bâtiment que la pierre s’adapte à tous les climats. Donc, si demain l’activité de la pierre est appelée à se redéployer, elle procurera sans nul doute un nombre insoupçonné d’emplois, notamment dans les contrées de Larbaâ Nath Irathen et Aït-Oumalou, réputées par leurs reliefs accidentés et parsemées de zones infertiles regorgant de pierres. Ces zones sont considérées comme des ilôts de pauvreté alors qu’elles recèlent des richesses inespérées, qui ne demandent qu’à être mises en valeur par l’ouverture de nouvelles carrières en plus de celles déjà “existantes”. Ceux qui “travaillent” dans ces endroits, actuellement, sont exclusivement de jeunes chômeurs avec des moyens rudimentaires, sans aucune protection et de manière clandestine.
S. K. S.
