Tous les grands écrivains américains ont écrit de la nouvelle. Faulkner, Hemingway, Fitzgerald ou encore Steinbeck ont réussi à imposer ce genre littéraire. Thomas Mcguane continue cette démarche.
En dix nouvelles, relativement longues, Thomas Mcguane raconte l’Amérique. Son Amérique. Un immense pays où tout, pratiquement le plausible et l’invraisemblable, peut arriver, à tout moment. Genre littéraire majeur par excellence, la nouvelle est en Amérique très appréciée.
Ce sont d’ailleurs ces textes courts qui ont aidé à tenir certains grands écrivains tels Scott Fitzgerald qui a écrit pas moins de 166 nouvelles. Dans son livre En déroute, sorti chez Belfond à Paris, (Gallatin Canyon est le titre original de cette œuvre), l’auteur dresse le portrait de personnages souvent en décalage par rapport à tous ceux qui réussissent dans un pays plein de violences multiples. Thomas Mcguane fait partie du mouvement littéraire connu sous le nom de l’Ecole du Montana. Cette école fait fi des formes élaborées et se contente d’un style haché et souvent sec. Les nouvelles contenues dans En déroute placent les grands espaces et la nature avant les hommes ; la nature écrase de sa splendeur les êtres humains. Dans Cercle vicieux, il est question d’une femme alcoolique qui cherche un mari. Elle rencontre un certain Briggs qui essaie de la comprendre malgré ses nombreuses tares.
Plus loin dans une autre nouvelle, on retrouve le même Briggs dans une autre histoire. Les Vieux amis est peut-être la nouvelle la mieux aboutie de ce livre. John et Erik ont longtemps été proches et complices même si au fond il y a une certaine rivalité entre eux. Et quand Erik fait des bêtises, des années plus tard, c’est bien sûr John qu’il appelle au secours. John ne refuse pas, il aide son compère mais la police finit par arrêter Erik. Ce dernier croit que c’est son ami qui l’a dénoncé et refuse même de le recevoir comme visiteur en prison. Et c’est à ce moment- là que John comprend que quelque chose vient de se briser. Mais il sent comme un soulagement. Une étrange sensation qui annonce la fin d’un cycle.
Les nouvelles contenues dans En déroute sont d’un niveau inégale : certaines d’entre elles peuvent ennuyer le lecteur car l’écriture manque de “respiration” et se contente d’actions dont on ne saisit pas spécialement la portée. Mais il y a toujours cet humour et cette habileté de l’écrivain à dire la solitude de l’Homme pour continuer à apprécier l’écriture de Thomas Mcguane.
Farid Ait Mansour