Les trois chefs des formations politiques formant l’Alliance présidentielle se réuniront ce samedi au siège national du RND à Ben Aknoun. Le leader de la formation islamiste du HMS, Boudjerra Soltani confiera, à l’occasion de cette rencontre au sommet, la présidence tournante au SG du RND, Ahmed Ouyahia, qui héritera de cette tâche dans un contexte bien particulier de l’Alliance, marquée surtout de tiraillements sur bon nombre de questions, le point principal de la zizanie entre les « coalisés », à savoir la révision de la Constitution, est reporté à une date ultérieure, offrant ainsi un « break » à une polémique qui n’a pas encore livrée tous ses secrets.
Selon nos sources, ce n’est qu’hier soir, que la commission dite des neuf (trois membres de chaque parti ), s’est réunie pour préparer l’ordre du jour du conclave de ce samedi. C’est à cette commission, qui s’est réunie à deux reprises aux mois d’août et septembre, depuis l’investiture de Abou Djerra à la tête de l’Alliance, qu’échoie la tâche des pourparlers préliminaires afin de préparer les dossiers qui seront soumis au sommet à huis clos des trois leaders de cette Alliance, en mettant certainement en veilleuse les dossiers comportant des divergences assez importantes, afin de laisser une survie à ce conglomérat de partis aux objectifs politiques différents.
Cette Alliance formée autour du programme du président de la République, à la lumière du deuxième mandat du Bouteflika, a vécu une lune de miel éphémère, l’espace de l’euphorie suscitée par les résultats de la réélection de l’actuel locataire du palais d’El Mouradia. Les divergences ont commencé à voir le jour, dès que le vieux parti a commencé à afficher ses appétits au sein de l’exécutif national. L’ambition de Belkhadem étant assouvie, suite au départ d’Ouyahia du palais du gouvernement, laissant la composante de l’exécutif telle quelle, sans modification notable, en dehors de la nomination de Hachemi Djiar, à la tête du département de la communication resté vacant, depuis l’investiture d’Ouyahia à la tête du gouvernement. Belkhadem avait, pour rappel, annoncé la composition de son gouvernement dès que Bouteflika l’avait chargé de sa nouvelle mission.
A quelques semaines de l’opération du renouvellement de la composante du Sénat par les grands électeurs, la guerre des tranchées entre les deux formations qui se disputent la majorité au sein de la Chambre haute du parlement, s’est fait sentir, à l’image de l’importance qui a été donnée par l’ex-parti unique, au ralliement d’un groupe d’élus locaux du RND au vieux parti. La crise du FLN, qui fait que les responsables de la direction se disputent la paternité des « redresseurs », et l’attitude affichée par les membres des structures locales héritées de l’époque Benflis, à ne rien céder de leurs positions à leurs adversaires, valident encore une fois la thèse de velléités de déstabilisation mutuelle au sein de cette Alliance. Reste à connaître, l’opinion de Boudjerra Soltani au sein de ce conglomérat, lui qui a été parmi les partisans les plus zélés pour le départ d’Ouyahia du palais du Gouvernement, en avançant l’argument des échéances électorales et la nécessité de former un gouvernement garantissant des élections propres. A l’approche des élections locales et législatives, va-t-il réitérer sa revendication devant Belkhadem, plus préoccupé par la recherche de « débouchés politiques » à Rabah Kebir, que de se soucier de la bonne santé politique de l’Alliance présidentielle. D’ailleurs, l’interprétation du contenu de la charte pour la paix et la réconciliation nationale constitue l’autre pomme de discorde, entre Belkhadem qui rêve encore du contrat de San Egidio et Ouyahia qui insiste sur l’application des termes de cette charte validée par un référendum populaire. Ouyahia qui a refusé de recevoir l’ex-chef de l’instance exécutive à l’étranger du parti intégriste dissous, contrairement à Belkhadem qui s’est autorisé à orienter son nouvel allié sur la scène politique, veut rester fidèle à la charte, qui interdit aux auteurs du drame algérien de revenir à l’activité politique. Il faut dire que beaucoup de lignes de démarcation politique ont été franchies par Belkhadem, dans sa quête de reconfigurer le champ politique à la lumière des élections de 2007, ce qui agacerait probablement l’autre allié islamiste le HMS, qui veut maintenir sa stratégie « d’entrisme » inaugurée par le défunt Nahnah. Depuis le temps que l’Alliance vit au rythme des clashs dissimulés, ce n’est certainement pas la réunion de samedi qui sauvera une structure menaçant ruine dès son édification. L’Alliance présidentielle dispute son ultime virage ce samedi.
Hadj Bouziane