Belkhadem Sarkophage

Partager

Par Anouar Rouchi

En visite officielle à Alger, Sarkosy, sémillant ministre de l’Intérieur français, chef du parti majoritaire et candidat à l’élection présidentielle, a eu un entretien des plus intéressants avec Belkhadem, chef du gouvernement algérien et du parti majoritaire et candidat à… la révision constitutionnelle ! Jugez-en plutôt.

– Bienvenue M. Sarkozy et fasse Allah que votre séjour soit des plus agréables.

– Merci M. Belkhadem. Je vous remercie de votre accueil et tiens à vous dire tout mon plaisir de fouler de nouveau le sol de cette terre généreuse et hospitalière.

– Le sens de la générosité et de l’hospitalité, nous en remercions Allah de nous en avoir largement gratifiés.

– J’ai suivi avec un grand intérêt votre dernière conférence de presse. Vous avez été époustouflant.

– Oh, vous savez…ça n’a rien de compliqué.

– Vous avez quand même eu des questions bigrement difficiles. Le terrorisme qui continue de frapper malgré la politique de réconciliation nationale, un gouvernement qui revient sur ses lois à tout bout de champ, la corruption et son lot de scandales…

– Quand on a été durant de longues années à l’école du parti unique, rien n’est difficile ni encore moins impossible. Ce que d’aucuns appellent la langue de bois est en réalité une technique ingénieuse qui permet de se sortir sans coup férir de toutes les situation, aussi délicates soient-elles…

– En tout cas, en la matière, vous avez été irréprochable. Cependant …

– Cependant ?

– Excusez-moi si je n’ai pas été à bonne école mais, pour ne rien vous cacher, j’ai été froissé que vous ayez évoqué les “excuses de la France” à 48 heures de ma visite.

– Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que lorsque vous êtes mis en difficulté sur les questions de politique intérieure, la politique étrangère est là pour servir d’échappatoire. Et puis, franchement, pourquoi cela vous froisserait-il ? Vous n’êtes quand même pas la France, M. Sarkosy ! En tout cas, pas encore…

– Merci quand même d’envisager, la possibilité de mon élection à l’Elysée. Mais je tiens à vous faire remarquer que cette question d’excuses ou pas excuses est bigrement sérieuse et qu’on ne peut pas la traiter par-dessus la jambe.

– A qui le dites-vous ! Que la France s’excuse et on n’en parle plus…

– Tout le problème est là M. Belkhadem. Si on aborde les problèmes sous cet aspect on met le doigt dans un engrenage dont il est difficile de sortir.

– Je ne vous suis pas.

– C’est pourtant simple. Quant la France a envahi l’Algérie, le pays était sous occupation turque. Faut-il alors nous excuser auprès de la Turquie ?

– Vous savez, la Turquie vous la complexez assez avec cette histoire de génocide arménien…

– Et puis, tenez ! Monsieur Prodi, président du Conseil Italien, est également de passage chez vous. Pourquoi ne lui demandez-vous pas de présenter les excuses de son pays pour la longue occupation romaine et pour le traitement inhumain et dégradant infligé au roi Jugurtha ? On pourrait, nous aussi lui demander de s’excuser de l’occupation de la Gaule…

– Franchement M. Sarkosy, je crois que vous êtes en train de noyer volontairement le poisson…

– Pardon ?

– Bravo M. Sarkosy !

– Pardon ?

– En trente secondes vous avez dit deux fois “Pardon”. Vous voyez que ce n’est pas bien difficile…

A. R.

Partager